RSF évoque une "évolution générale [qui] témoigne d’un climat de peur généralisée et de tensions qui s’ajoute à une emprise des Etats et des intérêts privés de plus en plus grande sur les rédactions".
Les journalistes sont victimes des violences, d’emprisonnements et d’assassinats.
"La dégradation est continue, constante, préoccupante et partagée globalement par tous les continents", s’inquiète Constance Desloire, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
Le rapport de RSF montre que sur les 180 pays concernés, les trois qui se démarquent et occupent le haut rang du classement sont de l’Europe du nord : la Finlande (1ère, comme depuis 2010), les Pays-Bas (2ème, +2), la Norvège (3ème, - 1). Bien que le tableau soit globalement noir, quelques pays ont réussi à réaliser des progrès remarquables. On peut citer la Tunisie (96ème, + 30), grâce à une baisse des agressions et des procédures, et en Ukraine (107, + 22), due à une accalmie du conflit et à des réformes encourageantes.
En sens inverse, on observe la dégringolade de la Pologne (47ème, - 29), sous l’effet de la remise au pas des médias lancée par le parti ultra conservateur. Beaucoup plus bas, le Tadjikistan, qui subit la dérive autoritaire du régime, dévisse (150ème, - 34). Même dégradation spectaculaire du Sultanat de Brunei (155ème, -34), imputable à l’instauration progressive de la charia et de l'épée de Damoclès d'éventuelles accusations pour blasphème. Enfin, le Burundi s’enfonce (156ème, -11), car ce pays a été le théâtre de violences envers les journalistes après la candidature contestée puis la réélection du président Pierre Nkurunziza. Au bas du Classement, un trio infernal, le Turkménistan (178ème), la Corée du Nord (179ème), l’Erythrée (180ème)
Les leaders politiques sont principalement pointés dans la perte de la liberté de la presse. “Il est malheureusement notable que de très nombreux dirigeants dans le monde développent une forme de paranoïa contre l’exercice légitime du journalisme. Le climat général de peur entraîne une haine croissante du débat et du pluralisme, un verrouillage des médias par des gouvernements en pleine dérive autoritaire et liberticide, l'emprise grandissante d’intérêts particuliers sur l'information dans le secteur privé ”, note Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
“Il est essentiel de défendre le journalisme digne de ce nom face au renforcement de la propagande et de l’information sous la dictée ou sponsorisée par l’intérêt. La garantie du droit des citoyens à une information indépendante et fiable est une solution pour résoudre les problèmes locaux et globaux de l’humanité.”, souligne Christophe Deloire, secrétaire général de RSF