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Un bateau de croisière revient en Tunisie, La Goulette reprend "espoir"


Danses, musiques traditionnelle et senteurs de jasmin : le village touristique de La Goulette a temporairement repris vie jeudi pour la première visite d'un bateau de croisière en Tunisie depuis l'attentat du Bardo en mars 2015, une lueur d'espoir pour un secteur en crise.

Le paquebot allemand Europa, avec à son bord quelque 310 passagers, a accosté vers 07h30 dans une ambiance festive mais sous haute sécurité à l'entrée du port. Un événement pour les commerçants du village touristique de La Goulette, en banlieue de Tunis, après une traversée du désert de 18 mois.

"C'est très important pour moi de rouvrir ma boutique, et ça fait chaud au coeur de voir à nouveau le village vivant!", s'exclame Haifa Dargouth, 39 ans.

Si elle ne prétend remplir ses caisses vides par cette seule journée, cette artisane décrit une étape "très symbolique et porteuse de beaucoup d'espoirs".

- 'Retour progressif' ? -

A ce jour, aucune autre compagnie de croisière n'a emboîté le pas. Mais cette arrivée "est très importante car elle adresse un message positif et rassurant", explique à l'AFP Malek Ghanemi, directeur du terminal de croisière de La Goulette. Et Mustapha Jabeur, le PDG, l'assure : "à partir de janvier, il va y avoir un retour progressif du trafic".

Il y a plus d'un an et demi, le 18 mars 2015, 21 touristes étrangers --pour la plupart des passagers de bateaux de croisière-- et un policier tunisien avaient été tués dans l'attaque du musée du Bardo, revendiquée par le groupe extrémiste Etat islamique (EI).

Les compagnies internationales avaient dans la foulée suspendu toutes leurs escales en Tunisie, marquant le début du cauchemar pour le tourisme local, frappé trois mois plus tard par un deuxième attentat de l'EI à Port el-Kantaoui (38 touristes tués).

Avec l'accalmie sécuritaire des six derniers mois, un frémissement se fait sentir, mais des pays comme la Grande-Bretagne continuent de déconseiller la destination tunisienne.

Plus largement, la Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, ne parvient pas à faire redémarrer son économie, en partie du fait de cette crise du tourisme, autrefois contributeur du PIB à hauteur de 7%.

Preuve de l'importance accordée à ce retour d'un premier paquebot, une cérémonie devait se tenir dans l'après-midi en présence de la ministre du Tourisme, Selma Rekik Elloumi.

- 'J'ai moisi au chômage' -

A leur arrivée, les passagers de l'Europa, appareils photos en main, ont été accueillis par des spectacles de danse et musique orientales, ou encore des soldats carthaginois jouant de la trompette et du tambour.

Des bouquets de jasmin leur ont été offerts par les boutiques touristiques de la Goulette. Près de 200 d'entre eux sont ensuite partis en excursion, sous un chaud soleil d'automne, dans le village voisin de Sidi Bou Saïd ou encore dans la médina de Tunis, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Pas de visite du célèbre musée du Bardo, en revanche, pour cette fois.

Animateur au port de la Goulette depuis 12 ans, Salah Issa ne boude pas son plaisir. "Le village (touristique) m'a beaucoup manqué ! Cette ambiance me remonte le moral", dit-il. Car depuis l'attentat du Bardo, "j'ai moisi au chômage. Mes chameaux ont eu faim".

En habit traditionnel, ce quadragénaire souhaite la bienvenue aux touristes, avant de les laisser monter gratuitement sur trois de ses chameaux ornés de tissus multicolores.

Tandis que les senteurs d'encens envahissent les lieux, Maher Lassoued, 49 ans, affiche son soulagement. "C'était triste de voir les portes de nos magasins fermés, de refléter l'image d'une activité morte. La voir revivre adresse un message positif pour le tourisme en général", estime-t-il.

De retour en Tunisie dans la foulée de la révolution de 2011, Maher avait loué cinq magasins dans ce village, des projets plein la tête. Mais "l'attaque de Bardo m'a complètement détruit. (...) Pour la première fois dans ma vie, je suis resté plus d'un an en chômage, incapable de payer mes crédits", raconte-t-il.

Malgré ses regrets, il veut encore y croire. "Cette escale en Tunisie représente une lueur d'espoir. (...) Elle me fait respirer à plein poumons!".

Avec AFP

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