Déjà faible en temps normal, l’offre énergétique de la Sonabel devient caduque pour les Burkinabè.
Aucune partie du pays n’est épargnée, pas même la capitale, Ouagadougou, où les délestages durent avec des effets néfastes autant pour le confort du citoyen que pour les affaires. "Cette situation commence à être intenable", lâche à VOA Afrique Abdoul Rahim qui vend du poisson frais.
"Nous souffrons ici. Comme on vend le poisson, c’est un peu compliqué. Donc, s’il y a coupure de courant, le poisson se gâte. Il y a, en tout cas, beaucoup de pertes," se plaint M. Rahim.
Une situation inexplicable s’indigne Daniel, un autre propriétaire d’un commerce de ventes de services et de matériel bureautique.
"Habituellement, c’est en avril qu’on a des problèmes mais cette année bizarrement on a toujours des coupures d’électricité. Quand les clients viennent ils ne sont pas à l’aise, ils préfèrent ressortir. Ils reviennent quand le recourant revient. Entre-temps, on ne peut pas imprimer même une facture. Même dans les domiciles, il y a tout le temps des coupures et les factures ne font qu’augmenter," déclare M. Daniel.
Ces délestages frappent beaucoup plus la basse classe qui constitue la majorité de la population au Burkina où la classe moyenne est quasiment inexistante.
Si les plus nantis peuvent s’offrir de l’énergie solaire ou celle provenant de groupes électrogènes, C’est en revanche la croix et la bannière pour la grande masse des consommateurs, se plaint Mohamed vigile de son état.
"Vraiment, on n’arrive même pas à dormir. C’est compliqué avec la chaleur. Moi, par exemple, j’ai un frigo. A mon retour du travail le soir, je trouve par exemple que les produits alimentaires que j’y ai gardés, sont gâtés," se complaint à son tour M. Mohamed.
Le manque de leadership reste le grand problème dans la gestion de la Sonabel.
La situation va de mal en pis, selon Hervé Ouattara, membre du triumvirat de la société civile Bori Bana.
"On a l’impression que les choses vont de mal en pis. Nous allons arriver à une période où nous allons demander aux Burkinabés de ne plus honorer les engagements vis-à-vis de la Sonabel parce qu’on ne peut pas comprendre, sur un mois les coupures c’est presque 10 à 15 fois par jour, et après ça, c’est pour aller payer une facture plus onéreuse, on ne peut pas continuer comme ça," plaide pour sa part M. Ouattara.
Le directeur commerciale et de la clientèle de la Société Nationale d’électricité du Burkina, Sonabel Souleymane Ouédraogo, reconnaît le problème mais évoque les efforts qui sont faits pour améliorer la situation.
"Actuellement, au Burkina, je crois qu’on est à environ 20% de la population qui a accès à l’électricité. Le délestage est dû à une insuffisance de l’offre pour faire face à la demande. C’est parce que simplement le plan d’investissement prévu par la société n’a pas été suivi. Il fut que les gens soient sûr d’une chose, la Sonabel ne dort pas, on fait tout pour rétablir l’électricité dans les meilleurs délais. Il y a des projets majeurs que nous avons engagés et ces projets vont permettre à terme non seulement d’augmenter l’offre énergétique du Burkina, d’améliorer l’accès des Burkinabés à l’électricité et, le plus important, à de contenir les coûts," se défend M. Ouédraogo.
Les Burkinabès devront encore patienter un peu de temps avant de voir venir des jours sans délestages.
Reportage d’Issa Napon à Ouagadougou pour VOA Afrique