Fin décembre, le Real célébrait la meilleure année civile de son histoire avec cinq trophées, dont une deuxième Ligue des champions d'affilée. Un mois plus tard, rien ne va plus à la "Maison blanche", largement distancée en Championnat d'Espagne et éliminée sans gloire en quarts de Coupe du Roi par son modeste voisin Leganés (1-0, 1-2), au budget 15 fois inférieur.
"Un exploit et une honte", a titré jeudi le quotidien sportif madrilène Marca, le plus lu d'Espagne. "Sinistre total", a renchéri le journal barcelonas Sport.
Et tous de souligner que certains choix de Zidane, comme le fait d'avoir laissé au repos les stars Cristiano Ronaldo et Gareth Bale, ont précipité la "débâcle".
"C'est une tragédie qui place le Real dans une situation angoissante, presque critique. Toute la saison se jouera sur une carte, la Ligue des champions", relève Marca.
Même si le Real a totalement déjoué mercredi, il faut aussi souligner le mérite de Leganés, solide équipe à l'organisation impeccable. "Pepinazo" ("coup de massue"), a d'ailleurs titré le quotidien As, allusion au "pepino", le concombre, plante symbole du club de la banlieue de Madrid.
"C'est un fiasco de chuter face à une équipe a priori inférieure", a pesté le capitaine Sergio Ramos.
Zidane en "échec"... et ébranlé
Après deux ans en poste et un impressionnant bilan de huit trophées sur onze possibles, Zidane traverse sa période la plus difficile sur le banc merengue.
"C'est sa pire soirée à la tête du Real. Totalement responsable", écrit Marca, qui s'interroge: "Touché... et coulé ?"
"Je suis le responsable de tout ça et c'est un échec pour moi", a admis le technicien français.
Si "ZZ" (45 ans) avait été encensé la saison passée pour sa gestion intelligente des rotations, ses options sont désormais très critiquées: son équipe bis a sombré mercredi, le manque d'intensité était criant face à l'appétit de Leganés, et la presse ne cesse de réclamer des renforts au mercato d'hiver alors que Zidane s'y oppose pour protéger son groupe.
Le Français, icône du "madridisme", est-il personnellement menacé ? Ses joueurs disent le soutenir, à l'image de Sergio Ramos: "Zizou a toujours eu notre confiance, dans les bons moments comme aujourd'hui", a-t-il assuré.
Mais le stade Bernabeu a copieusement sifflé son équipe mercredi. Au Real, ce sont les "socios" (supporters-actionnaires), propriétaires du club, qui décident. Et habituellement, ils ne sont pas très patients.
Le tout pour le tout contre Paris
Zidane le sait : malgré ses succès d'hier, il jouera son avenir sur la double confrontation face au Paris SG en huitièmes de C1 (14 février, 6 mars). "C'est clair, c'est très clair", a reconnu le technicien, qui a pourtant prolongé récemment jusqu'en 2020.
"Je vais continuer à me battre, à travailler, je vais essayer de trouver des choses pour que l'équipe soit plus performante", a-t-il asséné, se disant "en colère" contre lui-même.
Vu les failles actuelles de son équipe, qui abuse des centres stériles en attaque et multiplie les erreurs défensives, le chantier s'annonce compliqué. Le problème semble d'ailleurs dans les têtes plus que dans les jambes, comme l'a reconnu Ramos. Peut-être le contrecoup d'avoir tant gagné ?
"C'est un contretemps sérieux pour Zidane parce qu'il met en évidence le mal qui ronge son groupe, le découragement collectif", analyse dans un éditorial Alfredo Relaño, directeur du quotidien As. "Tout est désormais rattaché à la confrontation face au PSG, devenu l'unique objectif de la saison."
Dès mercredi soir, Zidane a semblé tourné vers la réception des Parisiens, le 14 février. Avec seulement trois matches de Liga pour s'y préparer: Valence samedi, puis Levante et la Real Sociedad. Suffisant pour effacer une série noire de trois victoires en huit matches ?
Attention néanmoins à l'orgueil de ce Real, dont le talent de s'est sûrement pas évaporé. "Renaître du désastre fait partie de sa religion", conclut le quotidien El Pais.
Avec AFP