Discrets depuis plusieurs semaines, les jihadistes sont ressortis jeudi des forêts de la province du Cabo Delgado où ils se cachent pour viser la bourgade de Pequeue, non loin de l'archipel très touristique des îles Quirimbas.
"Dix personnes ont été tuées par balle et deux autres sont mortes brûlées", a indiqué à l'AFP une source locale qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat.
Les assaillants ont également incendié 55 maisons, a poursuivi la même source, précisant qu'une des victimes avait aussi décapitée.
"Une ambulance a été envoyée ce matin à Pequeue pour transporter les 14 blessés à l'hôpital de Macomia", le chef-lieu du district, a pour sa part indiqué à l'AFP un responsable des services de santé de la province du Cabo Delgado.
Cette attaque est la plus meurtrière commise par ces jihadistes depuis leur émergence il y a presqu'un an.
Désigné par la population sous le nom de "shababs" ("les jeunes" en arabe), ce groupe de jeunes musulmans radicaux est sorti de l'ombre en attaquant, à la surprise générale, le commissariat et la caserne de la ville de Mocimboa da Praia en octobre 2017.
Ces "shababs" professent, selon les témoignages recueillis sur place par l'AFP, une stricte application du Coran mais n'ont pas pour l'heure émis de revendications politiques.
Ils s'illustrent depuis par des raids contre les villages de la province qu'ils pillent et incendient, avant d'en tuer les habitants souvent en les décapitant. Une cinquantaine de civils ont ainsi été exécutés et des dizaines d'autres blessés.
Cette vague de violence a contraint des milliers de civils à l'exode.
L'armée et la police ont déployé d'importants renforts dans le Cabo Delgado, proche de la frontière tanzanienne, pour tenter de contrer les "shababs".
Dans un incident séparé, des jihadistes ont attaqué jeudi un convoi militaire dans le secteur de Pundanhar, tout près de la Tanzanie, tuant un officier des forces armées mozambicaines, a rapporté une source policière.
"L'attaque s'est produite à la nuit tombée lors d'une patrouille des forces de sécurité. Les assaillants portaient des uniformes militaires et des armes de gros calibre", a déclaré à l'AFP ce policier qui a requis l'anonymat.
Les autorités mozambicaines assurent depuis des mois contrôler la situation dans la province.
En juin dernier, le président Filipe Nyusi avait promis de tout faire pour mettre les jihadistes hors d'état de nuire. "Nous condamnons fermement ces actes et nous ferons tout pour que leurs auteurs et leurs soutiens soient neutralisés et répondent de leurs crimes", avait-il déclaré lors de la Fête nationale.
Cette rébellion inquiète les autorités de Maputo et de grands groupes pétroliers tels que Exxon, Anadarko et ENI, qui ont commencé à installer leurs infrastructures pour exploiter des gisements de gaz très prometteurs découverts récemment au large de la région du Cabo Delgado.
Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la Russie, ont récemment proposé leur aide au Mozambique pour venir à bout des islamistes.
Le Mozambique compte utiliser au plus vite sa manne gazière pour relancer son économie, engluée dans de graves difficultés financières depuis la découverte d'une dette que son gouvernement avait cachée à ses créanciers.
Avec AFP