"Tous les gens de mon village de Ndindi savent maintenant que la maladie d’Ebola existe. J’ai réussi à amener ici au centre deux jeunes gens et une autre femme pour se faire prélever du sang (NDLR : en vue d’un test de dépistage). Auparavant, j’étais très sceptique, voire incrédule. Si bien que, quand ma mère est morte, j’avais manipulé sa dépouille mais après cinq jours je me suis retrouvée ici au centre de traitement, explique à VOA Afrique Jeannette Masika, une rescapée d’Ebola qui aujourd’hui essaie de convaincre les siens pour les épargner d’une mort quai-certaine.
Au centre de traitement d’Ebola à Beni, douze personnes guéries viennent d’être autorisées à sortir. Ces ex-malades d’Ebola n’arrivent toujours pas à croire qu’ils s’en sont tirés après plusieurs jours d’isolement.
Parmi elles, Mme Jeanine, la vingtaine. Submergée par la joie, elle n’arrive même pas à s’exprimer. Son mari, venu la chercher, approche le micro de VOA Afrique pour partager sa réjouissance.
"Ça fait au moins vingt-deux jours qu’elle est ici. C'est une grande joie et une gratitude envers le gouvernement congolais de voir comment mon épouse à retrouver sa vie. Oui, c’est une grande fête que je vais organiser à la maison, je vais égorger une chèvre pour elle", s’exclame le mari de Jeanine.
Avant de raccompagner les ex-malades d’Ebola à leurs domiciles, l’équipe des sensibilisateurs organise pour eux des adieux avec ce qu’ils appellent un kit de sortie.
"Nous les accompagnons avec une pièce de pagne et une belle robe que nous remettons aux malades guéris. Les gens qui sortent d’ici nous servent de sensibilisateurs au sein de la communauté", renseigne Roger Sahambili, l’un des communicateurs au centre de traitement.
Pour une bonne communication et un partage d’expérience, certains anciens malades reviennent au centre, en tant que sensibilisateurs de terrain.
C’est le cas de Jeannette Masika, ex-malade, aujourd’hui dans l’équipe de mobilisation.
Une tâche difficile : convaincre tout le monde dans une région où la méfiance et les croyances bloquent la riposte.
"Après l’annonce de cette épidémie d’Ebola, les gens pensaient que c’était une maladie démoniaque et d’autres stipulaient que c’est une intoxication, ils ont intérêt à comprendre que le virus est parmi nous et ceux qui ont fait la tête dure sont morts, mais l’important c’est seulement de respecter ce que le corps soignant exige comme pratique", conseille Dr. Boris de l’hôpital de Mangina.
Déclarée depuis le 1er aout 2018, l’épidémie d’Ebola a déjà fait au moins 135 décès sur le 211 cas signalés dans la région avec plus de 16.000 personnes vaccinées dans la province du Nord-Kivu et celle d’Ituri.