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L'Opep cherche une "baisse suffisante" de la production de pétrole


Le logo de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), au siège de l'OPEP à Vienne, en Autriche, le 5 décembre 2018.
Le logo de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), au siège de l'OPEP à Vienne, en Autriche, le 5 décembre 2018.

L'Opep veut s'accorder sur une "baisse suffisante" de sa production de pétrole pour enrayer la chute des cours, a affirmé le ministre saoudien de l'Energie jeudi avant une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à Vienne.

"Nous recherchons une baisse suffisante pour équilibrer le marché", a souligné le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, poids lourd de l'organisation, avant le début de cette réunion cruciale. Le ministre a estimé que la plupart des pays de l'Opep visent un prix du brut compris "entre 60 et 70 dollars".

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui pompe environ un tiers du brut mondial, cherche à contrebalancer la chute des cours, qui ont accusé un recul de 30% ces deux derniers mois.

M. al-Faleh a plaidé pour une baisse de production d'"un million de barils par jour". Mais ce niveau, inférieur aux attentes des marchés, a provoqué une nouvelle chute des cours à la mi-journée en cours d'échanges européens, le baril de Brent passant même sous les 60 dollars.

"L'Arabie saoudite a suggéré une baisse de la production plus faible que ce que le consensus estimait", a expliqué David Madden, analyste pour CMC Markets.

L’Opep défie le président Trump

Alors que Ryad est contraint à un délicat jeu d'équilibriste vis-à-vis de son allié américain, le ministre saoudien a assuré ne pas vouloir se laisser dicter sa conduite.

Washington "n'est pas en position de nous dire ce que nous devons faire", a estimé M. Khaled al-Faleh, ajoutant: "Je n'ai besoin de la permission de personne pour diminuer" la production.

Le président américain Donald Trump avait exhorté mercredi dans un tweet l'Opep à "maintenir sa production en l'état" afin de ne pas mécontenter les consommateurs.

Tout en se disant opposé à une baisse de la production de son propre pays en raison des sanctions américaines, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a lui aussi ironisé jeudi sur le tweet de M. Trump.

"C'est la première fois qu'un président des Etats-Unis dit à l'Opep ce qu'elle doit faire. L'administration américaine devrait savoir que l'Opep ne fait pas partie du département américain de l'Energie".

La position de la Russie

L'ampleur réelle de la baisse de production reste donc la principale inconnue de la réunion, ainsi que celle qui pourrait être convenue vendredi lors d'une réunion entre l'Opep et ses partenaires, au premier rang desquels la Russie. Ces deux groupes, qui représentent plus de la moitié de l'offre mondiale, sont liés depuis fin 2016 par un accord de limitation de production.

Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, qui doit assister à la réunion de vendredi à Vienne, a souligné jeudi à Saint-Pétersbourg que son pays suivait "la situation réelle et l'évaluation réelle du marché".

Mais il a rappelé qu'en plein hiver, les "conditions climatiques" russes rendaient "beaucoup plus difficile de réduire (la production) que pour d'autres pays", laissant entendre qu'un éventuel effort de Moscou ne pourrait intervenir que plus tard. Pour les analystes de Commerzbank, "la Russie aura un rôle clé à jouer dans ce contexte".

Mercredi, la firme de courtage londonienne PVM avait estimé qu'une absence de baisse de production déclencherait "une frénésie de ventes dans des proportions bibliques et garantirait le retour à une surabondance mondiale de pétrole".

Poids de l’alliance entre l’Arabie saoudite et les USA

Mais la marge de manœuvre de l'Opep est d'autant plus réduite que les Saoudiens peuvent difficilement se permettre de s'aliéner le président américain après l'indignation internationale suscitée par l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a besoin de la protection de son allié à la Maison-Blanche, mais aussi d'un baril plus cher pour mettre en œuvre ses réformes économiques.

En juin, les producteurs avaient assoupli leur discipline avec, pour objectif, de permettre à la Russie et à l'Arabie saoudite d'extraire davantage pour compenser les pertes prévues de barils iraniens en raison du rétablissement des sanctions américaines.

Mais les exemptions accordées au dernier moment par les Etats-Unis à huit pays importateurs, à des niveaux plus élevés que ne l'attendait le marché, ont contribué au plongeon des prix de ces deux derniers mois, effaçant les gains engrangés depuis début 2017.

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