"Il y a une cinquantaine de morts. Certains corps ont été directement enterrés par les familles, donc il est difficile de donner un chiffre précis", a déclaré mardi à l'AFP le préfet de la Haute Kotto, Evariste Binguinidji, présent sur place.
"Le bilan établi par le préfet me semble crédible", a affirmé de son côté le président de la Croix rouge centrafricaine Antoine Mbaobogo. Il a précisé à l'AFP que son organisation avait elle-même établi dès lundi un bilan de 35 morts et 17 blessés.
Mardi Médecins sans frontière (MSF) a pour sa part indiqué qu'une vingtaine de blessés avaient été transportés à l'hôpital de Bria où opère l'organisation, et que deux d'entre eux étaient décédés des suites de leurs blessures.
Divers groupes armés et milices d'autodéfense se disputent le contrôle de Bria, cité riche en diamants, depuis que la Séléka, coalition de groupes rebelles, a pris le contrôle de cette partie du pays en 2012.
Les affrontements ont commencé samedi soir et ont pris fin dimanche. Les forces de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) se sont alors déployées dans la ville. Les déplacés se comptent par milliers, selon les organisations humanitaires présents à Bria.
"Une médiation à eu lieu avec la Minusca, les autorités et les représentants des groupes armés. La ville est calme. Les groupes armés ont retiré leurs troupes du centre-ville et les déplacés commencent à revenir", selon le préfet.
- "Conflit entre groupes ethniques" -
"C'est un conflit entre groupes ethniques", avait déclaré dimanche le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro. "Cela fait suite à des affrontements au sein du FPRC”, avait-il ajouté.
Le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), l'un des principaux groupes issus de l'ex-Séléka qui contrôlait la ville, s'est scindé ces derniers mois, selon plusieurs sources présentes sur place.
Les membres de l'ethnie rounga, dont est issu le chef militaire du FPRC, Abdoulaye Hissène, et plusieurs de ses officiers, font désormais face à une alliance de deux autres ethnies présentes à Bria, les Goula et les Kara, parfois membres du FPRC.
"L'alliance des Goula et des Kara a conquis presque toute la ville. Il y a des cadavres partout dans les rues. Le centre-ville est vide. Tous les Rounga ont fui", avait déclaré une source humanitaire contactée par l'AFP dimanche.
Depuis juillet, des affrontements opposent le FPRC et son ancien allié, le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), affilié à l'ethnie kara.
La ville de Birao, dans l'extrême-nord du pays, a été ravagée par ce conflit pour le contrôle de l'axe routier vers le Soudan. Ces affrontements se sont depuis étendus à la préfecture voisine de Bria.
Le porte-parole du FPRC, Aboubacar Sidiq, conteste toute scission au sein de son mouvement: "C'est une querelle, nous sommes en train d'en chercher les vraies causes" a-t-il indiqué.
Depuis 2013, la Centrafrique est déchirée par une guerre civile qui a forcé plus du quart de ses 4,7 millions d'habitants à fuir leur domicile. Si les violences ont diminué depuis la signature d'un accord de paix en février 2019, deux tiers du territoire échappent toujours au pouvoir central.