Les résultats de la présidentielle, mais aussi des législatives et municipales dans ce pays d'Afrique australe à l'économie plombée, le premier du continent à faire défaut sur sa dette dans la foulée de la pandémie de coronavirus, devront être connus d'ici dimanche soir.
Ce dépouillement a valeur de test démocratique dans ce pays qui gère généralement les transitions politiques en douceur.
L'écart entre le président sortant Edgar Lungu, 64, et son infatigable rival qui se présente pour la sixième fois, Hakainde Hichilema, 59 ans, n'était que d'un peu plus de 100.000 voix en 2016. Il pourrait être encore plus serré, croient savoir les sondeurs.
Jeudi, les électeurs se sont mobilisés paisiblement, faisant parfois très longtemps la queue pour exprimer leur choix.
Dans le pays de 17 millions, riche en mines de cuivre, les difficultés économiques et la forte inflation semblent avoir entamé le soutien à M. Lungu -- accusé de se montrer de plus en plus inflexible depuis son arrivée au pouvoir en 2015.
Des violences ont été signalées dans la province du Nord-Ouest, un bastion d'Hichilema, où deux personnes dont un responsable du parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), ont été tuées, a annoncé le président jeudi soir, accusant le parti de son rival, le Parti uni pour le développement national (UPND).
La commission électorale zambienne a ouvert une enquête sur ces violences et ce meurtre, dont l'UPND s'est distancié, accusant le pouvoir de tenter ainsi de faire diversion.
Le PF avance aussi que certains de ses partisans ont été agressés et chassés des bureaux de vote dans le sud du pays.
"Libres et équitables"
M. Lungu, qui avait déployé l'armée au début du mois pour renforcer l'ordre pendant la période électorale après des violences sporadiques, a annoncé le renfort d'effectifs militaires dans trois provinces.
L'opposition craint que le président n'exagère l'ampleur de la violence et de l'instabilité dans les régions d'opposition pour justifier l'invalidation de résultats.
D'importantes perturbations d'accès aux réseaux sociaux, constatées jeudi notamment dans la capitale Lusaka, et coïncidant avec le moment du vote de M. Hichilema --que la rue appelle "HH" ou "Bally", terme affectueux désignant un aîné-- suscite aussi des inquiétudes.
Vendredi à l'aube, des agents électoraux, les yeux chassieux, ont repris le dépouillement commencé la veille au soir à l'école primaire Vera Chiluba de Lusaka. D'autres, en chasubles orage, dormaient encore sur des bancs d'écoliers, a constaté l'AFP.
Le scrutin s'est poursuivi longtemps après la fermeture des bureaux de vote prévue à 18 heures, pour faire voter tous ceux qui étaient déjà installés dans la queue. Jusqu'à 3 heures du matin, dans certains endroits, a précisé la commission électorale.
Des dépouillements partiels seront annoncés régulièrement jusqu'à dimanche soir quand tous les bulletins devraient être comptés.
M. Lungu a déjà laissé entendre que les violences du jour de l'élection avaient "empêché", dans trois provinces, les élections d'être "libres et équitables".
Les résultats à Lusaka, bastion traditionnel du parti au pouvoir qui concentre 3,3 millions de Zambiens, et dans la province centrale de Copperbelt, essentielle à l'économie du pas avec ses mines de cuivre, sont particulièrement scrutés, pouvant faire basculer l'élection.
Les observateurs, zambiens et internationaux, ont mis en garde contre d'éventuels troubles lorsque les résultats seront connus.
"Le véritable test sera dans le processus de comptage" et de voir si Lungu acceptera une éventuelle défaite, a commenté l'économiste zambien indépendant Trevor Simumba.