Sur les 115 victimes d'exploitation et d'abus sexuels par des travailleurs humanitaires pendant l'épidémie d'Ebola de 2018-2020 identifiées jusque-là, 104 ont accepté d'être aidées, a expliqué le Dr Eugène Kongnyuy, le représentant en RDC du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), lors d'un point de presse.
Cette agence qui lutte contre les violences sexuelles a été mandatée par l'OMS pour retrouver les victimes, souvent dans des conditions très difficiles, et leur porter assistance, que ce soit sur le plan médical psychologique ou encore financier, a expliqué la docteure Gaya Gamhewage, chargée de la prévention et du traitement des abus sexuels au sein de l'OMS. a-t-elle souligné. Ainsi, l'UNFPA a dû trouver les moyens d'apporter une aide à long terme aux 17 enfants nés de ces abus sexuels.
"Nous devons prendre soin des enfants en termes de scolarisation et de soutien nutritionnel. Et puis nous devons faire des tests ADN pour identifier la paternité Jusqu'à ce que nous connaissions le père, nous devons trouver comment continuer à prendre soin de l'enfant", a expliqué le Dr Kongnyuy.
Un obstacle parmi de nombreux autres, a-t-il insisté, en raison de la difficulté à accéder aux victimes. Comment respecter leur anonymat dans leur communauté tout en les aidant, comment éviter qu'elles ne soient victimes de représailles ou stigmatisées ?
L'OMS, qui dispose d'un fonds spécial doté de 2 millions de dollars, en a déboursé pour l'heure 350.000 pour financer les partenariats en RDC. Elle paye pour toutes les victimes, même si un tiers seulement ont été abusées par ses employés ou sous-traitants.
Outre l'UNFPA, deux autres partenariats ont été conclus avec Heal Africa, une ONG chrétienne active dans l'est de la RDC et Dynamique des femmes juristes, une ONG qui apporte une assistance juridique aux 13 victimes qui ont décidé de lancer des poursuites dans le pays.
A l'automne 2021, un rapport indépendant avait établi que 21 employés de l'OMS se trouvaient parmi les 83 humanitaires accusés d'exploitation et d'abus sexuel contre des dizaines de personnes en RDC pendant cette épidémie d'Ebola, dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri (est).
D'autres agences de l'ONU étaient également concernées, mais l'attention s'était focalisée sur l'OMS. D'autant qu'à deux reprises, des dizaines de pays parmi les principaux donateurs ont déploré la lenteur avec laquelle l'organisation s'attaquait au problème et son manque de transparence.