Le ministère des Affaires étrangères accuse le Maroc de profiter du régime d'exemption des visas pour déployer des "agents de renseignements sionistes (....) et accéder librement au territoire national" pour mener "diverses actions attentatoires à la stabilité de l'Algérie". Alger précise que "ces actes constituent une menace directe sur la sûreté nationale" du pays et affirme que "le Royaume du Maroc est tenu pour seul responsable de l'actuel processus de dégradation des relations bilatérales par ses agissements hostiles à l'Algérie".
Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021, dénonçant une série d'"actes hostiles" de son voisin, concernant en particulier le territoire contesté du Sahara occidental, la normalisation avec Israël ainsi que le soutien aux indépendantistes du Mouvement d'autonomie de la Kabylie (MAK) qu'Alger a classé comme organisation terroriste. Le Maroc avait jugé cette décision "complètement injustifiée", rejetant les accusations du pays voisin.
Enhardi par la reconnaissance par l'administration américaine de sa souveraineté sur le Sahara occidentral, en contrepartie d'un rapprochement avec Israël, le Maroc déploie depuis une diplomatie offensive pour rallier d'autres pays à ses positions. La décision d'Alger sur les visas intervient après l'annonce le 1er septembre par le parquet de Tlemcen (ouest) de l'arrestation de plusieurs personnes, dont quatre Marocains, accusées de faire partie d'"un réseau d'espionnage" ayant pour but de "porter atteinte à des institutions sécuritaires et administratives algériennes".
Frontières fermées
Les frontières entre les deux pays sont fermées depuis 1994. Alger a souligné jeudi que "les liens humains et familiaux qui unissent les deux peuples" avaient jusqu'à présent évité "de remettre en question la liberté et la fluidité de la circulation des personnes". Après l'annonce algérienne, le site semi-officiel Maroc 360 se demande si "le Royaume va-t-il imposer par réciprocité des visas aux citoyens algériens ou bien opposer le mépris aux gesticulations d’Alger ?".
Le Sahara occidental, situé sur la côte atlantique et bordé par le Maroc, la Mauritanie et l'Algérie, est considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif. Avec son riche sous-sol minier et ses côtes poissonneuses, il s'agit du seul territoire du continent africain dont le statut post-colonial reste en suspens. Rabat, qui contrôle près de 80% du Sahara occidental, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté, tandis que les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, réclament un référendum d'autodétermination, prévu par l'ONU lors de la signature en 1991 d'un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.
Après près de 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités entre le Polisario et le Maroc ont repris à la mi-novembre 2020 à la suite du déploiement de troupes marocaines dans une zone tampon de l'extrême sud du Sahara occidental pour en déloger des indépendantistes. Ceux-ci bloquaient la seule route commerciale vers l'Afrique de l'Ouest, arguant qu'il s'agit d'un axe routier illégal car inexistant lors du cessez le feu de 1991.
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