Ville natale de l'ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi, Syrte était tombée aux mains de l'EI en juin 2015, la communauté internationale s'inquiétant de voir une base de l'organisation extrémiste à quelques 300 kilomètres des côtes européennes.
Les forces du gouvernement d'union (GNA) basé à Tripoli ont lancé le 12 mai une offensive pour reprendre ce principal fief de l'EI situé dans le centre-nord de la Libye. Elles y ont pénétré le 9 juin mais ont stagné pendant des semaines à cause des contre-attaques jihadistes.
Aidées par des bombardements aériens des Etats-Unis depuis le 1er août, elles ont enregistré d'importants succès ces derniers jours en chassant les jihadistes de leur QG, au centre-ville, de l'université puis du bâtiment de la radio.
Dimanche, les combattants du GNA ont pris le contrôle des immeubles dits des "1.000 unités de logement", a annoncé le centre de presse des forces loyalistes.
Cette zone regroupe des immeubles construits avant la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi pour pallier la crise du logement.
Elle se trouve surtout en bordure du quartier dit "numéro deux" où les jihadistes se sont repliés, mais vers lequel "les forces du GNA progressent".
"Avec la volonté de Dieu"
Armés de mitrailleuses et d'armes légères, les pro-GNA poursuivent également leur offensive vers "le quartier numéro 3", une zone résidentielle proche de la mer, dans le nord de Syrte, toujours tenue par l'EI, ont constaté des reporters de l'AFP sur place.
La reprise du QG des jihadistes situé dans le centre Ouagadougou, un imposant bâtiment érigé par Kadhafi pour accueillir sommets et conférences, a dynamisé les forces loyalistes.
"Les rangs de l'ennemi se sont dispersés alors nous avons profité pour avancer jusqu'au centre de conférence Ouagadougou et jusqu'au bâtiment de la Banque nationale du Commerce" à proximité, a raconté à l'AFP Mustafa al-Faqih, un des commandants des forces progouvernementales.
"Avec la volonté de Dieu, nous avancerons vers le reste des secteurs où se trouvent encore l'ennemi", a-t-il ajouté.
"C'est grâce à Dieu, aux leaders de l'opération militaire et aux combattants de toute la Libye que nous avons pu vaincre la tyrannie" de l'EI, se félicite Omar al-Hasnaoui, un combattant du GNA, treillis sombre, chéchia noire sur la tête et talkie-walkie à la main, rencontré à proximité du centre Ouagadougou.
Aujourd'hui, l'intérieur du complexe est ravagé par les destructions -impacts de balles, plafonds crevés et vitres brisées.
Les forces progouvernementales s'affairent, elles, à effacer des slogans à la gloire de l'EI inscrits sur les murs du centre de conférences et de l'université.
Radio sous contrôle
Devant l'ex-QG jihadiste, un groupe de soldats loyalistes, faisant le "V" de la victoire, montre aux caméras un panneau sur lequel les jihadistes avaient écrit: "Nous combattons en Libye mais avons le regard rivé sur Rome", en référence à l'Europe et à la capitale du catholicisme.
Samedi, les forces du GNA formées principalement d'ex-rebelles ayant refusé de déposer les armes après la révolte de 2011, ont repris le bâtiment de la radio aux jihadistes, une conquête "importante", selon elles.
C'est par cette radio que les jihadistes diffusaient des cours de religion ainsi que des communiqués et des annonces.
Plus de 300 combattants progouvernementaux ont péri et plus de 1.800 ont été blessés depuis le début de l'offensive pour reprendre Syrte, selon un bilan officiel.
Aucun bilan sur le nombre de jihadistes tués n'a été fourni.
La Libye, pays aux vastes réserves de pétrole, a été plongée dans le chaos après la chute de Mouammar Kadhafi, des milices rivales se livrant des guerres de pouvoir sans merci.
Depuis le 30 mars, un gouvernement d'union soutenu par l'ONU s'est installé à Tripoli. Son autorité est toutefois contestée par des autorités parallèles basées dans l'Est.
Avec AFP