En juillet 2021, le pays avait connu une vague d'émeutes et de pillages à Johannesburg et dans la province du Kwazulu-Natal (est), qui avaient fait plus de 350 morts. Au départ déclenchées par l'incarcération de l'ancien président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice, les violences ont également été le signe d'un climat social et économique tendu.
"(Les autorités) continuent de travailler 24 heures sur 24 pour enquêter sur les crimes qui ont été commis et monter des dossiers contre ceux qui ont été arrêtés", a déclaré vendredi la ministre de la Défense Thandi Modise aux médias.
La lenteur à traduire les auteurs de ces faits en justice suscite la frustration des proches des victimes, mais aussi de nombreux Sud-africains dont le pays affiche l’un des taux de criminalité les plus élevés au monde. Thandi Modise a indiqué que plus de 8.000 incidents avaient été signalés à la police, conduisant à 5.500 arrestations, et que 2.435 cas attendent toujours d’être traduits en justice.
La pauvreté généralisée, exacerbée par la pandémie de Covid-19, est aussi considérée comme un facteur aggravant ayant conduit aux troubles. Une enquête a pointé du doigt les échecs des services de police et de renseignement face à ces événements qui ont coûté quelque 50 milliards de rands (3,3 milliards de dollars) à l’économie du pays.
La police a failli à rétablir l'ordre en 2021 et n’a "absolument rien fait depuis pour se préparer aux nouvelles violences de l’année dernière," a dénoncé dans un communiqué Andrew Whitfield, député de l'Alliance démocratique (opposition). À l’époque, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait qualifié les violences d'"insurrection".
La ministre de la Défense a toutefois assuré que des recommandations visant à améliorer les services de police et le renseignement étaient mises en œuvre pour mieux répondre aux éventuels incidents du même ordre qui pourraient survenir à l'avenir. "Nous sommes déterminés à ne pas laisser cet épisode tragique se répéter", a-t-elle déclaré.
Le ministre de la Police Bheki Cele a, pour sa part, indiqué que 19 personnes soupçonnées d’avoir orchestré les troubles avaient été interpelées. Deux dossiers ont été clos, et la majorité des suspects ont été laissés en liberté sous caution en attendant leur procès. Par ailleurs, 86 personnes ont été placées sous surveillance par les services de renseignements, a déclaré M. Cele.
Les autorités "regrettent que cela ait été un peu lent", a ajouté Mme Modise, mais elles ne veulent pas risquer des "gaffes" par précipitation, a-t-elle assuré, promettant que les responsables seraient poursuivis.