Le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme des migrants, Felipe Gonzalez Morales, a appelé mardi le gouvernement algérien à "cesser immédiatement les expulsions collectives de migrants" africains "vers le Niger".
"Les migrants sont raflés à leurs domiciles en pleine nuit", "sans même avoir le temps de s'habiller, de prendre leurs affaires et leurs économies", s'est indigné M. Morales dans un rapport transmis à l'AFP.
Ils sont emmenés dans des postes de police, "battus" puis déportés par bus vers la frontière du Niger, où ils doivent marcher pour rejoindre la ville la plus proche, poursuit-il.
Nombre d'entre eux "vivaient et travaillaient depuis plusieurs années en Algérie, où leurs enfants étaient nés et scolarisés", a déploré le responsable de l'ONU.
"Le gouvernement algérien rejette globalement et dans le détail les assertions de ce dernier qui non seulement outrepasse les limites de son mandat mais prend pour vérités, les allégations des personnes reconduites à la frontière pour séjour illégal", a déclaré le ministère algérien dans un communiqué.
Selon les estimations de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Algérie a expulsé vers le Niger 35.600 Nigériens depuis 2014 - dont plus de 12.000 depuis le début 2018 - ainsi que plus de 8.000 migrants d'Afrique de l'Ouest depuis septembre 2017.
Dans le même communiqué critiquant le responsable de l'ONU, Alger s'indigne aussi contre le "représentant de l'OIM dont le bureau au Niger a changé de vocation pour devenir un vecteur de propagande". Le ministère l'accuse "d'alimenter et d'entretenir depuis des mois une campagne de désinformation contre l'Algérie".
L'OIM a critiqué à plusieurs reprises le traitement des migrants africains par l'Algérie, et notamment les opérations de rapatriement forcé.
L'Algérie va poursuivre les opérations de reconduite aux frontières "en conformité avec les dispositions des conventions internationales ratifiées et en application des accords bilatéraux de réadmission", a ajouté la même source.
Alger et Niamey ont conclu un accord de rapatriement des migrants nigériens en situation illégale, dont la majorité pratique la mendicité sur la voie publique, a indiqué à l'AFP un responsable au ministère de l'Intérieur.
"Il ne s'agit pas d'expulsions mais de mise en œuvre d'un accord bilatéral", a-t-il précisé.
S'agissant des migrants clandestins des pays de l'Afrique occidentale, la plupart "ne disposent pas de document de voyages ou d'identité et sont refoulés, en exécution de la législation en vigueur", a précisé ce responsable.
Avec AFP