Luaty Beirao, poursuivi avec 16 opposants pour rébellion et tentative de coup d'Etat, a été entendu mardi et mercredi par le tribunal de Luanda, devant lequel il a reconnu vouloir le départ du président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979.
"Monsieur voulait la démission du président de la République?", a demandé le juge Domingos da Costa Mesquita, alors que le procès des 17 activistes du Mouvement révolutionnaire - un groupe qui réclame l'alternance politique - entre dans sa troisième semaine à Luanda.
"Oui, votre honneur", a répondu sans hésitation Luaty Beirao. "Car au-delà de concentrer tous les pouvoirs en sa personne, il est le premier à violer la constitution qu'il avait juré de respecter. Il interfère avec le pouvoir judiciaire et législatif entre autres raisons", a-t-il poursuivi.
"Vous voulez mener une lutte pacifique" contre le régime?", a encore demandé le juge.
"Je livre cette lutte depuis 2004 avec la musique et surtout depuis 2011, je mène la plus pacifique des luttes contre la dictature", a répondu l'accusé.
Luaty Beirao a cependant refusé de répondre aux questions du Ministère public.
L'accusation s'appuie notamment sur des vidéos tournées en caméra cachée où l'on entend parler l'un des accusés, Domingos da Cruz.
Sur l'une d'elles, Luaty Beirao semble encourager des femmes avec des bébés à manifester. "Jamais je ne serais capable d'inciter des femmes avec des enfants à manifester surtout à des manifestations où il peut y avoir un dispositif de guerre", a réagi l'accusé âgé de 34 ans.
L'auteur des vidéos - qui constituent le socle de l'accusation - doit être entendu prochainement par le tribunal. Cet homme, Agatao Dongola Camate, est à l'origine des dénonciations contre les activistes, selon l'accusation.
Pour les avocats de la défense, aucune preuve ne vient corroborer les accusations du Ministère public. Luaty Beirao ne nie pas avoir participé à des réunions du Mouvement révolutionnaire.
Il a d'ailleurs été arrêté, le 20 juin, alors que le groupe étudiait un livre de Domingos da Cruz intitulé "Outils pour détruire une dictature et éviter une nouvelle dictature".
Luaty Beirao avait mené en septembre-octobre une grève de la faim de 36 jours, qui représentent symboliquement les 36 années de présidence de José Eduardo dos Santos, pour protester contre sa détention et celle de ses 14 codétenus. Deux autres accusés comparaissent libres.
Ils encourent tous 3 à 12 ans de prison.
Avec AFP