La communauté copte égyptienne n'avait pas connu d'attentat aussi meurtrier depuis l'attaque suicide qui avait fait plus d'une vingtaine de morts le 1er janvier 2011 à la sortie d'une église à Alexandrie.
"L'auteur de l'attentat est Mahmoud Chafiq Mohamed Mostafa, il a 22 ans et il s'est fait exploser à l'aide d'une ceinture explosive", a précisé lundi le président Sissi qui s'exprimait lors des funérailles des victimes. "La police a passé la nuit à rassembler les parties du corps du kamikaze et à l'identifier".
"Trois hommes et une femme ont été arrêtés et deux autres personnes sont toujours recherchées", a-t-il ajouté.
Devant des dignitaires civils et religieux, coptes et musulmans, le président a assuré: "C'est un coup qui nous a fait mal mais qui ne va pas nous briser".
Pendant la cérémonie, retransmise sur plusieurs chaînes de télévision égyptiennes, le président et le pape de l'Eglise copte Tawadros II, ont accompagné les cercueils portés par des militaires et recouverts de drapeaux égyptiens.
Une minute de silence a été observée.
Dans la matinée, le pape avait béni les cercueils des victimes de l'attentat rassemblés dans l'église de la Vierge Marie au Caire, devant plusieurs centaines de fidèles, dont beaucoup étaient en larmes.
Cette attaque est "un coup dans le coeur de l'Egypte", avait estimé le chef l'Eglise copte.
L'attentat de dimanche, perpétrée dans une église contiguë à la cathédrale copte Saint-Marc, siège du pape Tawadros II, a durement frappé les Coptes d'Egypte mais il embarrasse aussi le régime d'Abdel Fattah al-Sissi, véritable cible des agresseurs selon des experts.
'Violence endémique'
Si l'attentat commis dans l'église Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire n'avait toujours pas été revendiqué lundi, les experts s'accordent à dire que l'attaque donne du fil à retordre pour le gouvernement.
En premier lieu selon Victor Salama, professeur à la faculté de Sciences politiques de l'université du Caire, c'est le soutien de l'Eglise copte au gouvernement qui est visé.
"La revendication politique des islamistes pourrait être de dire qu'on fait payer aux Coptes leur soutien à la destitution des Frères musulmans (en juillet 2013, ndlr)", explique cet expert.
Déjà ciblés à plusieurs reprises depuis la destitution par l'armée de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, les Coptes représentent une cible facile.
Depuis l'été 2013, au moins 42 églises ont été attaquées, dont 37 incendiées ou endommagées, ainsi que des dizaines d'écoles, de maisons et de commerces appartenant à des Coptes, affirme Human Rights Watch. L'ONG accuse les forces de l'ordre d'avoir été absentes lors de ces attaques confessionnelles.
"Il y a une violence qu'on ne voit pas, qui est omniprésente contre les Coptes, et qui est endémique notamment en Haute-Egypte", souligne M. Salama.
L'attentat contre l'église laisse par ailleurs apparaître les faiblesses de l'appareil répressif tout puissant de l'Etat égyptien.
"Il est une claque pour le gouvernement", estime M. Salama.
Pour Abdallah al-Sennawi, éditorialiste du journal privé al-Chourouq, l'attaque "révèle l'absence d'une réelle stratégie pour lutter contre le terrorisme et le laisser-aller des services de sécurité".
En visant le gouvernement, l'attaque sert aussi la stratégie des groupes islamistes qui cherchent à compromettre toute opportunité de redresser l'économie et le tourisme.
Vendredi, deux attentats à la bombe ont provoqué la mort de six policiers au Caire et d'un passant au nord de la capitale, avant d'être revendiqués par le groupe extrémiste Hasm.
Mais celui de dimanche a un impact bien plus important car, "en visant les chrétiens, son retentissement à l'étranger sera beaucoup plus large", estime Hazem Hosni, professeur de sciences politiques à l'université du Caire.
Le bilan de l'attentat est passé lundi de 23 à 24 morts, selon le ministère de la Santé égyptien. 24 blessés avaient quitté les hôpitaux lundi matin et 21 sont toujours hospitalisés.
Avec AFP