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Les bandes armées dans les starting-blocks en Centrafrique après la fin de l'opération Sangaris


Le président François Hollande, à droite, et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à Bangui, Centrafrique, le 28 février 2014.
Le président François Hollande, à droite, et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à Bangui, Centrafrique, le 28 février 2014.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est arrivé dimanche soir à Bangui pour acter la fin de l'opération Sangaris qui aura mis fin aux tueries de masse en Centrafrique, sans parvenir à neutraliser les bandes armées qui terrorisent la population.

Si Paris se veut rassurant - "la France ne laisse pas tomber la Centrafrique", a insisté le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault - et met en avant la présence de plus de 10.000 Casques bleus de la Minusca, nombre de Centrafricains ne cachent pas leur inquiétude au sujet du départ des soldats français, arrivés dans l'urgence en décembre 2013.

Reportage de Freeman Sipila, correspondant à Bangui pour VOA Afrique
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"Les groupes armés sont en train de prendre leurs marques. Et je crains qu'ils ne lancent une offensive générale une fois les Français partis", dit à l'AFP en demandant l'anonymat - "car le sujet est très sensible" - un responsable politique centrafricain de premier plan, ajoutant: "les groupes armés redoutent la force française, mais pas la force onusienne".

Ces dernières semaines, les Centrafricains voient en effet - la peur au ventre - ces bandes reprendre leurs exactions à grande échelle à l'intérieur du pays. Selon la Minusca, elles ont fait au moins plusieurs dizaines de morts et contraint des villageois à se cacher dans la brousse.

Jeudi et vendredi, au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont été tuées lors d'affrontements à Bambari (centre) et ses environs, selon la Minusca.

Cocktail sécuritaire explosif

Ces groupes sont essentiellement issus de factions parfois rivales de l'ex-rébellion Séléka à dominante musulmane, chassée du pouvoir après l'intervention française, de miliciens anti-balaka, se revendiquant chrétiens, mais aussi de groupes d'"auto-défense" d'éleveurs nomades peuls, de bandes spécialisées dans le racket routier et d'éléments "incontrôlés".

La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka.

Malgré ce cocktail sécuritaire explosif, la France, ancienne puissance coloniale restée omniprésente depuis l'indépendance, considère que la mission de Sangaris est achevée.

"Nous fermons une opération parce que cette opération a été un succès", a assuré le 19 octobre devant l'Assemblée nationale à Paris M. Le Drian.

"Nous avons évité des massacres de masse (...) permis un processus de réconciliation intercommunautaire, la reconstitution de l'Etat centrafricain, une élection présidentielle, des élections législatives", a-t-il énuméré.

"Nous avons aussi permis la mise en oeuvre d'un outil de formation de la nouvelle armée centrafricaine (EUTM RCA) et le déploiement de la mission des Nations unies", a-t-il poursuivi.

"Même si la stabilité n'est pas totalement revenue, il importe maintenant que (...) le relais soit pris et par les forces centrafricaines et par la mission des Nations unies".

Concentration de combattants

Selon Paris, environ 350 militaires français, équipés de drones d'observation, resteront présents, dont une centaine au sein de la force de l'ONU.

Si Sangaris - dont l'action a été ternie par des accusations de violences sexuelles qui mettent en cause également la Minusca - a effectivement mis fin à la terreur des bandes armées, les Centrafricains attendaient de la France qu'elle les débarrassent de ces "combattants" qui les martyrisent depuis des années dans l'impunité la plus totale.

"Je trouve que cela a un goût d'inachevé et risque bien de replonger le pays dans une situation beaucoup plus dramatique", déclare ainsi à l'AFP, Edgar Ngbaba, enseignant, interrogé sur la fin de Sangaris, qui a compté 2.000 hommes au plus fort de la crise et quelques centaines ces derniers mois.

"Moi, je ne crois pas du tout à ce départ", dit Marie Ndoïnam, commerçante. "Je me demande si ces gens ne sont pas déjà en train de tirer profit du départ des Français, en prenant position ça et là. Et que font les autorités?".

Le gouvernement centrafricain ne dispose pas de forces de sécurité capables de tenir tête aux groupes armés et doit s'en remettre à la Minusca.

L'inquiétude des Banguissois est nourrie par les nouvelles parvenant de l'intérieur du pays. Selon des sources centrafricaines jointes par l'AFP, plusieurs centaines d'ex-séléka lourdement armés et issus de factions rivales se sont regroupés récemment à Batangafo (350 km au nord de Bangui).

Avec AFP

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