A Brazzaville où la mission du FMI est attendue depuis le mois d’août, l’impatience se dessine dans la société.
Plusieurs Brazzavillois ne jurent que par le FMI pour voir leurs problèmes s’arranger.
Les retraités sont à neuf mois sans pensions, les étudiants comptent autant d’arriérés de bourses, le personnel du CHU n’a pas été payé depuis trois mois, alors que les agents de l’université Marien Ngouabi vont vers leur quatrième mois sans salaire.
Nombreux estiment que le FMI pourra donner solution à tous ces problèmes.
"Le FMI n’est pas une panacée, mais il pourra nous aider à bien gouverner notre pays. Les gens ne sont plus payés alors que le pays a l’argent qui est caché quelque part. Cette mission port un grand espoir pour les Congolais", affirme Eric Patrick Mampouya, chef d’une petite entreprise d’informatique à Brazzaville.
Les attentes sont grandes dans la capitale congolaise, vu le niveau de pauvreté dans laquelle vivent les populations actuellement.
L’analyste économique Augustin Benazo constate que les populations, faute d’informations, spéculent sur cette mission du FMI.
"Le gouvernement ne communique pas. Et face à la misère, les gens sont obligés de ne juger que par le FMI. Or, il faut rassurer les hommes d’affaires, et les travailleurs qui ne sont pas payés, leur demandant de voir de bon œil l’arrivée du FMI", indique Augustin Benazo.
La société civile a déjà envoyé une lettre à la directrice générale du FMI via son bureau de Brazzaville, l’invitant à ouvrir les discussions à d’autres forces vives de la nation que le gouvernement.
"Et cette fois-ci, si une mission revient sans nous associer, nous n’aurions pas besoin de demander une autorisation de manifester devant les bureaux du FMI à Brazzaville. Le FMI a toujours été à côté du Congo pour l’aider. Mais qu’est-ce que le pays a fait de tous ces milliards investis ? Nous ne voulons pas gérer ces dettes un jour", avertit le coordonnateur du mouvement citoyen le Ras-le-Bol Franck Nzila Malembe.
Entre le FMI et le gouvernement congolais, il y a l’affaire de la dette cachée. Elle aurait dépassé, d’après les informations du Fonds, les 120% du PIB.
Interrogée si cette question est souvent évoquée au sein du gouvernement, l’ancienne ministre du Commerce, Claudine Munari, affirme qu’elle n’a jamais été informée de cette situation.
"Notre système opaque fait que tous les membres du gouvernement ne sont pas informés pour de telles situations", avoue-t-elle, au cours d’une conférence de presse tenue à Brazzaville.
Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville