"J'ai été licencié parce que j'ai contrarié de nombreux intérêts. Le gouvernement veut étouffer l'Opération Lavage Rapide (l'enquête sur la corruption à Petrobras, NDLR) car il a très peur de sa portée", a déclaré Fabio Medina Osorio à l'hebdomadaire Veja paru ce week-end.
M. Medina qui a été démis vendredi de ses fonctions d'Avocat général de l'Union et remplacé par l'avocate Grace Mendonça, précise que les frictions avec le gouvernement conservateur de M. Temer ont commencé il y a trois mois.
Il dit avoir à l'époque réclamé aux entreprises impliquées dans le réseau de corruption de rembourser Petrobras de l'argent détourné, puis demandé d'avoir accès aux enquêtes concernant les responsables politiques haut placés.
"Le ministre Eliseu Padilha (ministre chef de la Maison civile, sorte de Premier ministre, NDLR) m'a conseillé de rester en dehors du dossier de l'Opération Lavage Rapide", souligne-t-il dans un autre entretien, avec le quotidien O Globo, dimanche.
Le président Temer a réagi dimanche dans une interview également accordée à Globo en disant qu'"il serait absurde de la part du pouvoir exécutif, d'intervenir dans l'enquête".
"Je ne ferai jamais cela. Je suis très conscient de la lettre de la Constitution. Il n'y a pas la moindre possibilité d'intervenir", précise-t-il.
Au cours des deux dernières années, cette enquête Lavage Rapide a mis au jour un vaste réseau de corruption au sein de Petrobras qui a coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie publique phare du Brésil et a bénéficié à des dizaines d'hommes politiques de divers partis, à des entrepreneurs du BTP et à des directeurs de Petrobras.
L'enquête a aggravé la crise politique brésilienne qui a abouti à la destitution très controversée de la présidente de gauche, Dilma Rousseff, le 31 août dernier pour maquillage des comptes publics, une pratique à laquelle ses prédécesseurs ont largement eu recours.
M. Temer va la remplacer jusqu'à la fin de son mandat (fin 2018).
Mme Rousseff se dit quant à elle victime d'un "coup d'Etat" parlementaire orchestré par l'ex-vice-président avec le soutien de la droite.
Avec AFP