La candidate démocrate a participé dimanche matin à la minute de silence à l'occasion de la cérémonie de commémoration des attentats du 11 septembre 2001 à New York, à l'instar du milliardaire républicain.
Les deux opposants pour la présidentielle du 8 novembre ne prévoient aucun événement de campagne dimanche, mais leur présence au mémorial de Ground Zero est un moyen de plus d'ajuster leur costume de présidentiable, à quinze jours de leur premier débat et après s'être écharpés la semaine dernière notamment sur les questions de sécurité nationale.
L'ancienne Première dame s'est par ailleurs longuement confiée sur ses souvenirs du 11-Septembre qui a ouvert quinze années de guerre contre le terrorisme pour les Etats-Unis ainsi que sur sa vision de la lutte contre le groupe Etat islamique, lors d'une interview diffusée dimanche matin par CNN mais enregistrée vendredi, quelques heures avant ses propos controversés qui pourraient fragiliser sa campagne.
Lors d'une soirée de levée de fonds vendredi soir à New York, devant les caméras de télévision, Hillary Clinton avait assuré que, "pour généraliser grossièrement, vous pouvez placer la moitié des partisans de (Donald) Trump dans le panier des pitoyables". "Les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. A vous de choisir".
Face à la polémique nationale suscitée par ses propos, les critiques de la droite américaine sur son mépris et la colère de Donald Trump assurant que ces commentaires coûteraient des voix à l'ancienne chef de la diplomatie américaine, cette-dernière a fini par s'excuser samedi, reconnaissant que "généraliser grossièrement n'est jamais une bonne idée".
"C'était une erreur stupide et la tournure étrange de sa phrase est mémorable et va continuer à être utilisée contre elle", a commenté pour l'AFP Larry Sabato, politologue vétéran des campagnes présidentielles américaines. "La grosse erreur a été d'utiliser +moitié+, et d'avoir rétro-pédalé. Mais ce n'est pas facile de se défaire (de ces commentaires) car tout a été pris en vidéo".
"Toutefois, Donald Trump a une liste bien plus longue d'insultes envers des groupes et des personnes. Clinton peut désamorcer son erreur en citant toutes les offenses de Trump", a-t-il estimé.
Tournant ?
De nombreux commentateurs politique ont immédiatement fait le rapprochement entre l'erreur commise par Hillary Clinton et celle de l'ancien candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, qui affirmait dans une vidéo volée que 47% des Américains étaient des assistés, ce qui les pousserait à voter pour Barack Obama. Une assertion qui avait largement déstabilisé sa campagne.
"Hillary Clinton vient d'avoir son moment 47%. Quelle terrible chose a-t-elle dit à propos de tant d'Américains respectables", a d'ailleurs écrit Donald Trump sur Twitter.
Cet épisode, qualifié par l'homme d'affaires new-yorkais de "pire erreur" de la campagne présidentielle, représente-t-il un tournant dans une course à la Maison Blanche serrée et imprévisible ?
Un sondage Washington Post-ABC News publié dimanche donne toujours l'ancienne Première dame en tête avec 46% des intentions de vote contre 41% pour le magnat de l'immobilier. Mais il a été conduit avant la controverse.
Depuis ses excuses, Mme Clinton évite soigneusement le sujet. Dimanche, la démocrate a publié un seul tweet: "Nous n'oublierons jamais l'horreur du 11 septembre 2001".
Dans son interview sur CNN, elle a affirmé que défaire le groupe Etat islamique "ne mettrait pas fin à la lutte" contre l'idéologie jihadiste. Pour ce faire, "il faut travailler ensemble", "et cela comprend la communauté musulmane", a-t-elle dit.
En cela, a-t-elle ajouté, "Donald Trump a rendu notre travail plus difficile" par ses propos anti-musulmans, car "même les responsables de l'EI veulent créer une sorte de guerre de religion".
Les diatribes passées du milliardaire, reprend Larry Sabato, le mettent "dans une position de faiblesse pour tirer profit de l'inexactitude d'Hillary Clinton".
Avec AFP