"Les citoyennes et citoyens guinéens en âge de voter et dûment inscrits sur la liste électorale de l'année en cours sont convoqués aux urnes pour les élections législatives du 16 février 2020", dit un décret présidentiel lu lundi soir à la télévision.
Cette date avait été avancée samedi par le président de la commission électorale. Elle restait cependant suspendue à l'homologation du président Condé. Même après son approbation, le calendrier ne peut être tenu pour acquis compte tenu des incertitudes politiques du moment.
La date du 28 décembre avait été proposée précédemment. Mais l'opposition et ses représentants au sein de la commission électorale avaient dénoncé un projet irréaliste et servant, selon elle, le projet attribué au président Condé de briguer sa propre succession et de faire réviser pour cela la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
L'Organisation internationale de la francophonie, qui accompagne le processus électoral, avait conclu que la date du 28 décembre était "à reconsidérer".
L'actuel Parlement est entré en fonctions en janvier 2014 pour cinq ans. Des élections devaient se tenir fin 2018 ou début 2019, mais n'ont pas eu lieu pour des raisons politiques et techniques, au milieu de querelles exacerbées entre la majorité et l'opposition.
La mise à jour du fichier électoral s'est imposée comme un obstacle majeur. En janvier, M. Condé a prolongé le mandat du Parlement jusqu'à l'installation d'une nouvelle législature à une date non spécifiée.
Le président de la commission électorale Amadou Salif Kébé avait indiqué samedi que la Guinée avait acquis le matériel électoral nécessaire et s'était montré rassurant quant aux listes électorales.
Cette nouvelle date est énoncée alors que la Guinée, petit pays pauvre de 13 millions d'habitants, est agité par la contestation depuis qu'un collectif de partis d'opposition, de syndicats et de la société civile a appelé à la mobilisation pour faire barrage à un éventuel troisième mandat du président Condé. Une nouvelle manifestation est annoncée pour jeudi.
Au moins 16 civils et un gendarme ont trouvé la mort depuis le 14 octobre. Des dizaines d'autres personnes ont été blessées, des dizaines arrêtées et jugées.
Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent un usage excessif de la force par le gouvernement, des arrestations arbitraires et une répression visant à réduire l'opposition au silence.
Avec AFP