Une dizaine d'organisations de la société civile congolaise a demandé à Brazzaville la libération et l’évacuation sanitaire du général Jean Marie Michel Mokoko, un opposant condamné à 20 ans de prison.
Ces organisations ont estimé que les conditions de prise en charge médicale optimales n’étaient pas réunies dans les hôpitaux de Brazzaville.
Des leaders de la société civile se sont principalement adressés au président congolais Denis Sassou N’Guesso.
"Le président congolais est aujourd’hui seul responsable devant sa conscience: ou il accorde l’évacuation ou évidemment il assumera les conséquences de sa décision, puisqu’il est seul à décider de cette situation", a indiqué Joe Washington Ebina, activiste de la société civile.
Pour Joe Washington Ebina, plusieurs dignitaires bénéficient de ces faveurs de l’Etat pour aller se faire soigner à l’étranger, même en ces temps de coronavirus où les frontières sont fermées. "Et le général Mokoko, ancien chef d’Etat-major général, de surcroît, mérite autant de considération".
Ces derniers jours, en effet, la santé du général Mokoko s’est brutalement dégradée. Une conséquence, selon ses proches, des conditions de détention de cet homme de 73 ans.
Il aurait même été testé positif au coronavirus.
L’officier général et ses proches s’opposeraient depuis la connaissance des résultats de cet examen à son transfert vers la clinique Albert Leyono, un centre de prise en charge des cas covid-19 mis sur pied par le gouvernement.
Ils redoutent de mauvaises conditions dans ce centre.
Le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), Trésor Nzila Kendet, qui s’étonne de ce transfert du patient Mokoko vers la clinique Leyono, a estimé qu’aucun hôpital ne remplissait les conditions adéquates de prise en charge.
"Si les autorités congolaises disent qu’il doit impérativement aller à Leyono, nous disons que cela cache quelque chose. Il a le droit de refuser et la famille a le droit de s’y opposer", a-t-il affirmé.
Le directeur de l’OCDH a ensuite souligné que même le plus grand hôpital du pays, le CHU de Brazzaville, ne remplit pas les conditions. "Et ce n’est pas Leyono qui pourrait le remplacer", a-t-il tempêté.
L’avocat Yvon Eric Ibouanga est l’une des rares personnes à avoir visité le général Mokoko depuis la dégradation de sa santé.
Il dit ne pas avoir plus de détails sur ce test positif au coronavirus.
"Il a subi un test covid-19, seulement, je n’ai pas reçu une information sur le résultat. D’aucuns disent qu’il a été testé positif, seulement la fiabilité des résultats pose aujourd’hui problème. Le jeudi où il a été admis à l’hôpital militaire, j’y étais, mais je n’ai pas pu échanger avec lui", a-t-il révélé.
Me Ibouanga a jugé nécessaire de rappeler que le général Mokoko, condamné en mai 2018 à 20 ans de prison, jouit d’une décision du Groupe de travail des Nations Unies exigeant sa libération. "Il s’agit d’une libération immédiate, sans condition et avec indemnisation", a souligné l’avocat.
En attendant une décision définitive, le général Mokoko qui avait déjà fait un malaise la semaine dernière reste aux soins à l’hôpital militaire.