Dans un projet d'accord âprement négocié mais pas encore publié officiellement, les pays développés (Europe, Etats-Unis, Canada, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande) s'engageraient à augmenter de 100 à 300 milliards de dollars par an, d'ici 2035, leur engagement de financements pour les pays en développement. Ceux-ci exigeaient au moins le double. "Cet accord est un affront", a déclaré par avance l'émissaire des Îles Marshall, Tina Stege. Mais les choses avancent après une journée riche en rebondissements, et la séance de clôture a commencé vers 00H30 heure locale dimanche (20H30 GMT samedi). Ce sera sans doute "à prendre ou à laisser", a dit Jennifer Morgan, l'émissaire allemande.
Peu avant, dans une scène de diplomatie multilatérale en temps réel, les délégués se sont mis à négocier debout par petits groupes en pleine salle plénière sur d'ultimes formulations, des copies du texte dans les mains ou penchés sur des ordinateurs. "On ne peut garantir qu'on réussira", a déclaré le commissaire européen, Wopke Hoekstra.
Les délégués des 45 pays les plus pauvres de la planète, principalement africains, et d'une quarantaine de petits Etats insulaires ont plus tôt claqué la porte d'une réunion, estimant être floués et ignorés dans les discussions menées par la présidence azerbaïdjanaise. Cela a déclenché en urgence une réunion au sommet avec les plus hauts négociateurs de l'UE, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et la présidence du sommet, où de nouvelles propositions leur ont été faites. Les Etats insulaires "restent engagés dans ce processus, nous sommes ici dans un esprit de foi dans le multilatéralisme", a déclaré le Samoan Cedric Schuster au nom des Etats insulaires du Pacifique, des Caraïbes et d'Afrique.
Personne n'a renoncé à un accord. "Après l'expérience difficile de Bakou, nous devons atteindre un résultat minimum acceptable face à l'urgence", a déclaré la ministre brésilienne de l'Environnement, Marina Silva, qui accueillera la prochaine COP dans un an et n'a pas envie de rejouer ce match à Belem. "Je suis triste, fatigué, démoralisé, j'ai faim, je manque de sommeil, mais je garde une once d'optimisme", a dit Juan Carlos Monterrey Gomez, le négociateur du Panama devenu une figure de cette COP avec son chapeau.
Le projet d'accord qui a circulé samedi tentait de concilier les demandes des pays développés, notamment l'UE, et celles de ceux en développement, qui ont besoin de plus d'argent pour s'adapter à un climat plus destructeur, réchauffé par tout le pétrole et le charbon brûlé depuis plus d'un siècle par les premiers. Les pays occidentaux réclamaient depuis des mois d'élargir la liste onusienne, datant de 1992, des Etats à qui incombe la responsabilité de cette finance climatique, estimant que la Chine, Singapour ou des pays du Golfe s'étaient depuis enrichis.
Mais ces pays, dans les dernières versions consultées, semblent avoir obtenu ce qu'ils souhaitaient: le projet d'accord stipule clairement que leurs contributions financières resteront "volontaires". Le texte de la COP29 fixe séparément l'objectif de lever 1.300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement. Ce total inclurait la contribution de 300 milliards des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérale, privée, taxes, autres pays du Sud...)
L'Arabie saoudite et ses alliés sont pointés du doigt pour avoir tenté de freiner tout paragraphe qui ciblerait les énergies fossiles. "Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu'on n'obtienne rien", s'est étranglé un négociateur européen. "Nous ne laisserons pas les plus vulnérables, en particulier les petits Etats insulaires, se faire escroquer par les quelques nouveaux pays riches des énergies fossiles qui ont malheureusement le soutien à ce stade de la présidence" azerbaïdjanaise, a dénoncé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un tel événement international. La COP29 s'est déroulée dans une atmosphère lourde. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemie l'Arménie. Les deux pays ont convoqué leurs ambassadeurs respectifs. Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont détenus.
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