Pour acheter dix brouettes destinées aux abattoirs publics, des fonctionnaires du district de Bungoma, dans l'ouest du Kenya, ont déboursé la somme exorbitante de plus d'un million de shillings (9.300 euros), soit 30 fois le prix du marché et de quoi acheter une petite voiture d'occasion.
Chaque brouette a coûté 109.320 shillings kényans (933 euros), selon le quotidien The Standard, alors que des commerçants locaux les ont estimé à 3.000 shillings pièce (26 euros).
C'est donc dans des brouettes que des manifestants en ont transporté d'autres devant les locaux du gouvernement à Bungoma, pour protester contre cette malversation présumée.
Les médias kényans ont publié des photos montrant des brouettes simples, en métal. Le gouverneur Ken Lusaka a cependant défendu l'achat, assurant qu'il ne s'agit "pas des brouettes ordinaires que nous connaissons. Celles-ci sont faites d'un matériau inoxydable, non-cancérigène utilisé dans l'industrie alimentaire", selon le journal Daily Nation.
Depuis, M. Lusaka a ordonné une enquête sur leur achat.
"Une poignée d'individus +mange+ alors que la plupart souffre," a déclaré le sénateur local et leader du premier parti d'opposition à la chambre haute, Moses Wetang'ula, selon The Standard. "C'est inacceptable. Une inspection approfondie doit être menée et les responsables renvoyés".
En juillet, un rapport du vérificateur général du Kenya a jeté une lumière crue sur l'ampleur de la corruption qui gangrène le pays: à peine 1% des dépenses du gouvernement répondent aux règles comptables.
Dans l'Indice de perception de la corruption 2014 de l'ONG Transparency International, le Kenya est classé 145e sur 174 pays, derrière le Nigeria (136e), pourtant tristement célèbre pour sa corruption endémique.