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Crash du vol Rio-Paris: au procès, Air France et Airbus contestent toute "faute"


Des débris du vol AF447 d'Air France qui s'est écrasé l'Atlantique le 14 juin 2009.(Archives)
Des débris du vol AF447 d'Air France qui s'est écrasé l'Atlantique le 14 juin 2009.(Archives)

Les juges d'instruction avaient prononcé un non-lieu en 2019.

Le 1er juin 2009, le vol Rio-Paris s'abîmait dans l'Atlantique, emportant les vies de 228 personnes. Plus de 13 ans après, Airbus et Air France, jugés à Paris pour homicides involontaires, ont réaffirmé lundi ne pas avoir commis de "faute" en lien avec le crash, provoquant la colère des proches des familles de victimes.

Ce procès, lourd d'enjeux pour l'avionneur européen, la compagnie française, les familles des victimes mais aussi pour le transport aérien mondial, doit durer jusqu'au 8 décembre au tribunal correctionnel de Paris.

Le vol AF447 reliant Rio de Janeiro et Paris s'est écrasé en pleine nuit, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage. Il s'agit de la catastrophe la plus meurtrière de l'histoire d'Air France.

Les premiers débris de l'A330 ainsi que des corps ont été rapidement retrouvés mais l'épave et les boîtes noires n'ont été retrouvées que deux ans plus tard, repêchées à 3.900 mètres de profondeur après cinq phases de recherches sous-marines.

Les investigations ont montré que les pilotes, désorientés par le givrage des sondes de vitesse Pitot dans la zone météorologique instable du Pot au noir, n'ont pu rattraper le décrochage de l'appareil, qui a eu lieu en moins de cinq minutes.

Après une succession d'expertises hautement techniques, les juges d'instruction ont finalement prononcé un non-lieu en 2019.

Le parquet, les proches de victimes et les syndicats de pilotes ont fait appel et, en 2021, la chambre de l'instruction a tranché en sens inverse, ordonnant un procès pour les deux entreprises.

Après avoir détaillé les infractions reprochées, les trois juges ont lu lundi le nom de chaque victime dans la vaste salle d'audience silencieuse, emplie de proches de victimes, experts et représentants des entreprises.

La présidente du tribunal, Sylvie Daunis, a ensuite donné la parole à la directrice générale d'Air France, Anne Rigail. "Je me tiens devant vous pour exprimer, au nom d'Air France, notre plus profonde compassion aux proches des victimes", a déclaré la responsable.

Cet accident "marque à jamais l'histoire collective de notre entreprise. C'est un drame sans équivalent et sans précédent", a poursuivi Mme Rigail, qui a assuré que la compagnie allait "continuer à collaborer" avec la justice.

Elle a toutefois maintenu que la compagnie "n'a pas commis de faute pénale à l'origine de l'accident".

"Honte à vous !"

"Cela ne remet aucunement en cause la conscience que nous avons de l'ampleur de cette catastrophe, ainsi que de la douleur qui restera à jamais dans nos mémoires", a-t-elle ajouté, suscitant une exclamation sur les bancs des parties civiles.

A son tour, le président exécutif d'Airbus s'est levé. "J'ai tenu à être présent ici d'abord pour témoigner de mon profond respect, de ma profonde considération pour les familles et les proches des victimes", a commencé Guillaume Faury.

"Enfin et trop tard !", s'est exclamée la présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447, Danièle Lamy, assise dans la salle. "Ça fait 13 ans qu'on attend ce moment-là. C'est une honte Monsieur, honte à vous !" a lancé le vice-président de cette association, Philippe Linguet.

"Notre mission, c'est que tous les gens qui montent dans un Airbus puissent redescendre de l'avion à la fin du vol en bonne santé", a poursuivi M. Faury, précisant que "10.000 Airbus" volent dans le monde et transportent "cinq millions de passagers par jour".

"Griefs non justifiés"

Il a indiqué que l'entreprise avait mis en place une "organisation" et une "gouvernance" afin d'"être le plus proche possible du zéro accident", assurant que la "sécurité était (sa) priorité".

"Nous pensons sincèrement que ces griefs ne sont pas justifiés", a-t-il aussi déclaré.

En sortant de l'audience, M. Linguet a expliqué avoir "explosé" face au "manque d'empathie" du responsable d'Airbus, affirmant que cela faisait "13 ans" que l'entreprise "méprisait" les victimes.

"Il a parlé de chiffres (...) mais ce n'est pas ce qu'on lui demande. Ce qu'on lui demande, c'est nos 228 passagers (et équipage) qui aujourd'hui sont disparus", s'est-il emporté, le jugeant "totalement hors sujet".

Dans l'A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités différentes, dont notamment 72 Français (61 passagers et 11 membres d'équipage), 58 Brésiliens et 26 Allemands.

Au total, 476 proches de victimes se sont constitués parties civiles. Cinq demi-journées seront consacrées à ceux souhaitant témoigner.

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