"Je suis là, parce qu'il y a un grave problème qui touche la vie de la population", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours dont la radio d'Etat a fait un compte-rendu mercredi après-midi.
Depuis plusieurs dizaines d'années, l'est tchadien est en proie à des conflits entre différentes communautés: d'un côté, les autochtones ouaddaïens, agriculteurs, et de l'autre, des tribus arabes, éleveurs.
Régulièrement, des affrontements entre des membres de ces deux communautés ont lieu. Fin novembre, une dizaine de personnes avaient été tuées à une soixantaine de km d'Abéché.
"L'heure de la vendetta est terminée. Se rendre justice (représente une) défaillance de la justice. Une justice qui doit désormais s'assumer. Je prends désormais les choses en main", a lancé M. Déby, selon la radio nationale.
Le chef de l'Etat a annoncé la saisie de toutes les armes détenues par des civils dans la région, dont les propriétaires seront "jugés et condamnés".
Il a demandé aux forces de sécurité de mettre fin "par tous les moyens" à ces violences, les autorisant notamment à " faire usage de leurs armes quand ils sont l'objet de tirs", selon la radio.
Fin janvier, la Convention tchadienne de défense des droits humains (CTDDH) avait dénoncé la "mauvaise gouvernance" comme une des sources de la recrudescence des violences.
Selon l'ONG, les autorités locales, propriétaires de troupeaux de chameaux et autres bétails, "arment les bergers" qui disposent ensuite d'armes à feu utilisées en cas de conflit.
Mercredi, le président tchadien n'a pas fait état, selon le compte-rendu de la radio tchadienne, de l'incursion rebelle fin janvier depuis la Libye dans le nord-est du pays.
L'est et le nord-est tchadien, frontaliers du Soudan, ont longtemps été des bases arrières de rebellions qui visaient à s'emparer du pouvoir.
En 2008, la colonne rebelle qui avait échoué aux portes du palais présidentiel dans une tentative de putsch était venue du Soudan, via l'est tchadien.