L''Executive Order' interdit temporairement l'entrée sur le territoire national des ressortissants provenant de sept pays majoritairement musulmans.
La Maison Blanche a défendu hier cette mesure, la qualifiant d'essentielle pour assurer la sécurité des Américains, et d'inconvénient mineur pour les voyageurs en provenance des pays concernés.
Pour les détracteurs de ce décret présidentiel, l'interdiction n'arrêtera pas le terrorisme et aura des conséquences imprévues.
Né en Somalie et résidant dans le Minnesota, le réfugié Farhan Anshur était soulagé lorsque sa femme et ses enfants ont finalement été autorisés à le rejoindre après avoir été détenus dans un aéroport près de Washington, D.C.
"Enfin, nous sommes tous ici ensemble. Il ne me manque personne pour le moment. J'ai maintenant toute ma famille réunie avec moi", confie à la VOA Farhan Anshur.
Le décret interdit l'entrée aux Etats-Unis des citoyens d'Iran, d'Iraq, de la Libye, Somalie, du Soudan, de la Syrie et du Yémen pendant 90 jours.
Les détenteurs de passeports de ces pays n'étaient pas autorisés à monter à bord des vols en direction des États-Unis après l'interdiction émise vendredi soir et ceux qui étaient déjà en cours de route étaient temporairement détenus à leur arrivée.
La Maison Blanche s'est excusée pour ce qu'elle a décrit comme un inconvénient mineur. Mais selon une ancienne candidate présidentielle somalienne, Fadumo Dayib, cette mesure a des effets multiples.
"Je devais faire partie d'un panel de discussion à la Harvard Business School ainsi qu'à la Harvard Kennedy School, mais je ne pourrai pas y aller en raison de cette interdiction de voyager", indique Mme Dayib.
Fadumo Dayib, qui détient la double nationalité somalienne et finlandaise, se dit plus préoccupée pour les réfugiés somaliens au Kenya, qui ont eu le feu vert pour se réinstaller aux États-Unis.
"Et maintenant on leur arrache cette chance juste parce qu'ils se trouvent être des musulmans, ou parce qu'ils sont originaires d'un pays qu’ils n’ont pas choisi", renchérit Mme Dayib.
Une organisation de défense des droits des musulmans aux États-Unis affirme qu'elle contestera le décret devant les tribunaux.
"Cette action légale concerne la Constitution et elle a été déposée au nom de plus de 20 musulmans constitués à la fois d'Américains et de non-Américains qui résident légalement aux États-Unis", explique Lena Masri, directrice nationale de la section des litiges de CAIR.
Une actrice suédoise d’origine iranienne se dit inquiète car elle croit que la mesure pourrait l’empêcher de venir assister à la cérémonie des Oscars le mois prochain. Bahar Pars incarne l'un des rôles principaux dans le film "A Man Called Ove" nommé pour un Oscar.
Soosan Lolavar, une compositrice britannique d'origine iranienne, est aussi incertaine quant à sa participation à l'ouverture de son opéra à Pittsburgh en avril.
"Cela me fait certainement réfléchir au sujet de mes liens avec l'Amérique et comment y faire face à l'avenir", affirme Mme Lolavar.
Pour les critiques, la mesure pourrait entraîner des conséquences beaucoup plus négatives, contraires aux résultats escomptés,sans renforcer la sécurité des États-Unis.