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Des avocats saisissent des instances internationales sur le sort du général Mokoko


Le général Jean-Marie Michel Mokoko à Bangui en mai 2014
Le général Jean-Marie Michel Mokoko à Bangui en mai 2014

Les avocats d'un ex-candidat à la présidentielle congolaise emprisonné ont saisi les Nations unies et veulent saisir "d'ici à la fin de semaine" la Commission africaine des droits de l'homme, pour réclamer la libération de leur client détenu "arbitrairement".

Les avocats du général Mokoko ont par ailleurs annoncé avoir été informés mercredi du renvoi du procès de leur client devant la Cour criminelle, pour les mêmes faits. Le procès devait initialement s'ouvrir fin mars.

"Sous des apparences de procédures régulières, des décisions de justice ubuesques sont rendues depuis deux ans", a dénoncé mercredi l'avocat Etienne Arnaud, alors que son confrère Norbert Tricaud a fustigé une "mascarade de procédures judiciaires".

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Le général Jean-Marie Michel Mokoko, surnommé J3M, ex-chef d'état-major de l'armée congolaise (1987-1993), a perdu la présidentielle de 2016 remportée par le président Denis Sassou Nguesso qui cumule plus de 32 ans à la tête du Congo. Au lendemain du scrutin, M. Mokoko a été incarcéré "pour atteinte à la sécurité intérieure de l'État" et détention illégale d’armes et de munitions de guerre.

Ses avocats ont annoncé mercredi avoir déposé une requête devant le groupe de l'ONU sur la détention arbitraire. "La détention de notre client est arbitraire car il bénéficie de l'immunité juridictionnelle et le délai maximum de six mois de détention provisoire est largement dépassé; depuis février 2017, il n'y a pas eu de renouvellement du mandat de dépôt; personne n'a pris la peine de le faire", a déploré l'avocate Jessica Finelle.

>> Lire aussi : Le général Mokoko refuse de répondre à la convocation d'un juge au Congo-Brazzavile

"Sa détention est la conséquence directe de l'exercice de son droit à la liberté d'expression (...), de son droit à pouvoir manifester de manière pacifique et de se porter candidat à un scrutin", a dit Me Finelle, qui a demandé au groupe de travail "d'ordonner la libération immédiate" de M. Mokoko.

Norbert Tricaud dans les studios de VOA Afrique, Washington, 14 avril 2016 (VOA/Nicolas Pinault)
Norbert Tricaud dans les studios de VOA Afrique, Washington, 14 avril 2016 (VOA/Nicolas Pinault)

Me Finelle dit avoir activé la "procédure urgente" du groupe de travail en raison de "conditions de détention indignes" de leur client.

"Il est détenu dans une cellule sans véritable ventilation ni lumière naturelle, et il a des problèmes de santé", a affirmé M. Tricaud, ajoutant que son client, craignant un empoisonnement, ne mangeait que quand son cuisinier est autorisé à venir à la prison. "Nous allons également saisir le Comité international de la Croix-Rouge").

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"Une détention à l'isolement depuis si longtemps sans justification est constitutif de traitement inhumain et dégradant", selon Me Finelle.

En outre, ces avocats vont saisir "d'ici à la fin de semaine" la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, pour "violation du droit à un procès équitable", invoquant "une ingérence de l'exécutif" congolais, le non-respect des droits de la défense et le fait que selon eux, les avocats congolais de M. Mokoko n'ont, à plusieurs reprises, pas été convoqués à des audiences concernant leur client.

L'avocate précise que ces deux instances "ne rendent pas des décisions impératives". "Mais si le Congo ignore les condamnations du groupe de travail de l'ONU et de la Commission, cela l'isolera diplomatiquement".

Fin mars, M. Mokoko avait refusé de répondre à une convocation d’un juge. "Il est dans une stratégie de silence et de ne pas cautionner cette mascarade de justice (...) car dans une procédure viciée, on a toujours tort", a déclaré M. Arnaud.

Avec AFP

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