Quelque 917 dossiers sont "inéligibles" --ou leur éligibilité n'a pas encore été déterminée-- aux retrouvailles entre parents et enfants, selon des documents déposés lundi auprès d'un tribunal.
Sur ce total, de nombreux parents sont susceptibles d'avoir déjà été expulsés des Etats-Unis, sans leurs enfants: 463 dossiers de la sorte sont examinés, d'après ces documents.
Les autorités américaines considèrent comme "inéligibles" les cas dans lesquels elles n'ont pas été en mesure de confirmer les liens familiaux, si les parents ont des antécédents criminels (64 cas) ou une maladie contagieuse, ou encore si les parents ont renoncé aux retrouvailles (130 cas).
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Les avocats de l'administration américaine ont expliqué mardi au juge fédéral Dana Sabraw, qui siège à San Diego (Californie), que 1.012 parents se trouvaient désormais avec leur progéniture. Et qu'au total plus de 1.600 familles "éligibles" devraient avoir été réunies jeudi, échéance du délai fixé par la justice il y a quelques semaines.
Mais "les 917 autres cas, y compris les 463 qui pourraient être hors des Etats-Unis, ne seront pas réunis avant l'échéance", a relevé auprès de l'AFP Adam Isacson, de l'ONG Washington Office on Latin America (WOLA). "Il appartiendra au juge Sabraw de décider si c'est acceptable".
La politique de "tolérance zéro" du président Donald Trump, mise en oeuvre entre avril et juin, a entraîné le placement en détention de milliers de personnes entrées illégalement aux Etats-Unis, clandestins comme demandeurs d'asile.
Mais, ce faisant, des milliers d'enfants arrivés avec leurs parents ont été écartés et placés dans des centres du ministère de la Santé situés parfois à des milliers de kilomètres. Entre 2.300 et 3.000 enfants ont ainsi été concernés.
"Monumentale"
Face au tollé, le milliardaire républicain a rétropédalé le 20 juin en interdisant par décret la séparation systématique des familles.
"Nous travaillons main dans la main avec le ministère de la Santé et il est, à coup sûr, dans notre intention de réunir toutes les familles qui y sont admissibles", a assuré mardi soir Kirstjen Nielsen, ministre à la Sécurité intérieure, sur Fox News.
Mais c'est une "tâche monumentale" qui attend les autorités américaines, a relevé M. Isacson, citant notamment la difficulté d'obtenir la liste des parents expulsés, liste "dont ne disposait toujours pas semble-t-il (la police des frontières) ICE" mardi. Il faut ensuite encore les localiser dans les pays où ils ont été expédiés.
Le juge Sabraw a ordonné le 27 juin aux autorités américaines qu'une centaine d'enfants migrants de moins de cinq ans soient réunis avant le 10 juillet avec leurs parents, et d'ici le 26 juillet pour ceux de plus de cinq ans.
Le magistrat vient d'exiger du gouvernement des détails sur les 463 cas dont les parents ont pu être expulsés sans leurs enfants.
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"Le manque de transparence de l'administration Trump s'apparente de plus en plus à de l'obstruction", a estimé Lee Gelernt, avocat de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU, dans un communiqué.
"Et nous ne devrions pas ignorer le fait que l'administration affirme qu'elle va respecter le délai uniquement parce qu'elle ne tient pas compte des parents expulsés ou non localisés", a-t-il poursuivi, critiquant également "la décision unilatérale et sans vérification de qui est éligible ou non à des retrouvailles".
Concernant les enfants de moins de cinq ans, les autorités considéraient que 45 étaient "inéligibles" à retrouver leurs parents.
Le ministère de la Santé prenait en charge mardi environ 11.500 jeunes classés comme "mineurs sans accompagnateur", a indiqué un porte-parole.
Mais cette classification est attribuée aux enfants retirés à leurs parents après leur entrée illégale sur le sol américain mais aussi aux nombreux jeunes ayant franchi la frontière sans adulte avec eux.
Au 16 juillet, l'ICE maintenait en détention 44.210 adultes à travers le pays, selon une porte-parole. Et, dans ses trois centres de rétention pour les familles, la police des frontières abritait 1.437 personnes.
Avec AFP