Un véritable casse-tête à l’origine d’un mouvement de protestation sur les réseaux sociaux sous le hashtag #JeVeuxMaCNI, à l’initiative d'Anne Féconde Noah, porte-parole du PCRN, le parti de l’opposant Cabral Libii.
En réaction à ce mouvement, les autorités ont plutôt accusé des millions de Camerounais d’avoir fait usage de fraude sur leur identification. Ce qui, selon elles, empêche la délivrance d’une nouvelle carte nationale d’identité aux demandeurs.
Fraude sur la filiation
"Plus de trois millions de camerounais ayant personnellement changé les éléments de leur filiation se retrouvent en situation de double, triple, quadruple identité et autres usurpations", a révélé Dominique Baya, secrétaire général à la sûreté nationale. Ajoutant "qu’en l’état actuel de la législation seule la première identification contenue dans la base des données est considérée comme étant l’identité authentique".
Cet argument a du mal à convaincre. Des personnes du troisième âge viennent rallonger la longue file d’attente des citoyens sans carte d’identité. "Ma mère n’a pas changé de nom, de mari, de métier entre-temps, mais elle ne parvient pas à avoir la carte nationale d’identité", martèle un jeune entrepreneur irrité.
Désagréments
Au cours d’une conférence de presse le 8 janvier dernier, la police a néanmoins reconnu qu’il y’a eu un ralentissement dans la production des cartes nationales d’identité à cause des difficultés techniques, les procédures et livraison du matériel. Ce qui justifierait les multiples désagréments vécus par les Camerounais.
"Les enfants qui veulent se présenter aux concours administratifs ne peuvent pas déposer leur dossier parce qu’ils n’ont pas de carte nationale d’identité", se lamente un parent à Yaoundé.
Patrice Ayissi, informaticien, est plus incisif: "les Camerounais sont des sans-papiers chez eux avec cette histoire de carte nationale d’identité".
Le parcours du combattant
Obtenir un passeport est plus difficile avec ses courses d’obstacle, ses labyrinthes et ses levées d’enchères. Mais le gouvernement a promis la fin des cauchemars pour les demandeurs de ce document avec l’entrée en jeu d’un nouvel opérateur.
"Dans chaque chef-lieu de région il sera construit des centres modernes d’enrôlement pour les passeports, le nouveau passeport qui sera désormais disponible en 48h, comptera parmi les plus sécurisés et les plus modernes au monde", a rassuré le commissaire divisionnaire Dominique Baya.
De sources policières, plus de 245.000 cartes nationales d’identité sont toujours en souffrance dans plus de 280 postes d’identification à travers le Cameroun. La capacité de la police à produire de nouvelles cartes va passer de 10.000 à 15.000 par jour.