M. Zeid a exhorté le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à ouvrir une enquête "à la lumière de rapports récurrents de graves violations et de la découverte récente de trois fosses communes", rapporte Reuters.
"J’invite le Conseil à établir une commission d’enquête pour examiner ces allégations. Mon bureau surveillera attentivement le développement judiciaire en ce qui concerne l’action par la force qui a mené à une mort de plus de 100", a déclaré M. Zeid depuis Genève.
Il a demandé que le gouvernement congolais puisse "entamer le processus d’investigation pour les allégations des violations de droits de l’homme attribuées aux soldats et à apporter son soutien à nos bureaux sur place".
Contacté par VOA Afrique, le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende a, pour sa part, rappelé qu’une investigation est déjà en cours. Selon lui, l’information donnée par le bureau des droits de l’homme des Nations unies n’est pas en fait une révélation.
"Vos interlocuteurs ne savent même pas ce qu’ils disent, ils ne connaissent qu’une partie de la vérité. Il y a plus ça. Ils ne parlent que de trois fosses communes. Nos magistrats que nous avons envoyés sur place disent qu’il y a plus que ça, ils nous informent tous les jours de ce qu’ils trouvent. Nous sommes atterrés par ce que nous apprenons tous les jours. Nous ne pouvons pas nous mettre à donner une conférence de presse chaque jour qu’on nous annonce la découverte d’une fosse, mais nous attendons leur rapport final pour donner une information complète", a rétorqué le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.
Le gouvernement a envoyé des enquêteurs dans le Kasaï au lendemain de la publication sur le net des vidéos montrant des militaires congolais tirant à bout portant sur des membres du groupe Mwana Nsapu non armés ou parfois juste d’un lance-pierre. Des femmes à moitié nues et même des enfants étaient parmi les victimes.
La région du Kasaï, au centre de la RDC, est le théâtre depuis septembre 2016 d'une rébellion née de la mort lors d'une opération militaire d'un chef coutumier local, Kamwina Nsapu, entré en conflit avec le pouvoir central.
Parties de Kananga, capitale de la province du Kasaï-central, les violences entre les forces de l'ordre et la milice de Kamwina Nsapu - ont progressivement gagné le Kasaï-oriental et le Kasaï-occidental.
Selon l'ONU, plus de 200.000 personnes déplacées ont été enregistrées depuis le début de conflit tandis que plus de 400 sont mortes de suites d'affrontements entre l'armée, la police congolaises et les miliciens.
Présente en RDC depuis 1999, la Monusco déploie plus de 19.000 soldats, policiers et observateurs militaires dans l'Est du pays et à Kinshasa. Elle ne disposait d'aucunes troupes dans les trois Kasaï jusqu'au déploiement récent d'une centaine de Casques bleus à Kananga et environs.