"Le sens de ma lutte est d'ériger un véritable État sur cette terre de nos ancêtres, seul apte à prendre en compte vos aspiration et de concourir à votre bien-être général. La où le régime de prédation la misère et la désolation : de la Gécamine au Katanga, de la MIBA au Kasaï, ou de Kilomoto au Maniema, partout où la mauvaise gouvernance du pays a provoqué des multitudes de victilmes, je donne l'assurance que des plans pertinents sont prévus, à mettre en oeuvre, dans le cadre d'un gouvernement responsable", a affirmé ce dimanche Etienne Tshisekedi, lors de son discours.
S'exprimant en lingala, Etienne Tshisekedi a déploré les différentes souffrances qu'a connu le pays et notamment à l'est. Avant de faire observer une minute de silence.
Dans la foule venue nombreuse au meeting, Etienne Tshisekedi voit un plébiscite sur sa personne.
Revenant sur les élections de 2011, dont il revendique la victoire, le président du conseil des sages du Rassemblement prévient que "ceux qui ont triché en 2011 n'auront plus l'occasion de nous tromper". Et que "si au 19 septembre la CENI n'a pas convoqué l'électorat, nous parlerons de haute trahison".
Etienne Tshisekedi se dit cependant toujours favorable au dialogue, mais "le peuple doit se prendre en charge pour exprimer sa souveraineté".
Toujours favorable à sa participation au forum, Etienne Tshisekedi se dit opposé au 3ème mandat et milite pour le strict respect de la constitution.
"On ne veut plus de morts car beaucoup sont déjà morts. Pas de violence. Celui qui tue, la CPI l'attend", prévient Etienne Tshisekedi qui a rappelé les préalables du Rassemblement à sa participation au dialogue, sans le facilitateur Edem Kodjo (désigné par l'UA), décrit dans son discours comme "un grand kabiliste".
"La liste des prisonniers politiques (préalables à toute participation au dialogue) a été remise au groupe de soutien à la facilitation".
Saluant la diaspora "qui a beaucoup travaillé pour le pays", Etienne Tshisekedi a aussi annoncé que Moise Katumbi "va bientôt regagner le pays" et a dénoncé les accusations contre l'ancien gouverneur du Katanga.
A la fin de son discours, le président du conseil des sages a lancé un appelé aux forces de l'ordre (militaires et policiers), "vous devez être au service de la nation, pas d'un individu"
.
Opposant historique
M. Tshisekedi, 83 ans, est rentré mercredi en République démocratique du Congo après deux ans de convalescence en Belgique. A son arrivée en RDC, des milliers de personnes s'étaient massées pour l'accueillir.
Opposant sous la dictature de Mobutu Sese Seko (1965-1997), l'octogénaire a aussi combattu le régime de son successeur Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel chef de l'État. Il était arrivé deuxième de la présidentielle de 2011, dont il avait rejeté les résultats.
Jusqu'ici, l'opposition congolaise n'a jamais réussi à former un front uni contre le régime de M. Kabila. Il y a un mois, un opposant de poids, Moïse Katumbi, a été mis en difficulté par le régime et contraint de partir à l'étranger.
Dans un tel contexte, l'opposition espère que le retour d'Etienne Tshisekedi, un chef de file encore très populaire, permettra d'obtenir des avancées face au président sortant, soupçonné de vouloir demeurer au pouvoir au-delà de la fin de son mandat, au mépris de la Constitution.
La majorité quant à elle attend de M. Tshisekedi qu'il annonce la participation au "dialogue national" du Rassemblement, nouvelle coalition des forces opposées au maintien de M. Kabila au delà de son mandat.
Joseph Kabila a convoqué ce dialogue en novembre pour permettre l'organisation d'"élections apaisées" mais plusieurs forces d'opposition ont décidé de bouder un forum perçu comme un "piège" du pouvoir.
Alors que des milliers de partisans gagnaient le centre de Kinshasa, où doit s'exprimer Etienne Tshisekedi, plus à l'est, une foule considérable occupait les alentours de la résidence de l'opposant, en vue de l'escorter jusqu'au lieu du meeting, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Aboutir à quelque chose de bon"
Une clameur a accompagné l'apparition du vieil opposant coiffé de sa légendaire casquette grise, à bord d'une jeep qui le conduisait au boulevard Triomphal où patientaient depuis le matin des milliers de partisans.
Une armée de motards a précédé la jeep, dans un concert de klaxons pour former le cortège, dans un décor constitué des drapeaux des différents partis d'opposition, empêchant toute circulation dans les deux sens du boulevard Lumumba qui conduit à l'aéroport international de Ndjili à Kinshasa.
Un groupe de jeunes portant un cercueil scandait des slogans hostiles au président Kabila, gesticulant comme lors d'un deuil.
L'opposant doit s'exprimer sur le podium orné d'une bâche bleue portant les inscriptions : "Le Rassemblement, amour du Congo - Unité de l'opposition".
Sur des banderoles on pouvait lire: "Le changement c'est maintenant"; "pas de dialogue sans libération des prisonniers politique et d'opinion".
"Le seul leader en RDC, c'est Tshisekedi, malgré son âge", assure Faustin Kabeya, militant d'une soixantaine d'années de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti d'opposition historique.
"En 2011, nous avions voté Tshisekedi mais la communauté internationale a toujours imposé Kabila", s'emporte Martin, appelant à l'alternance à la tête de l'État le 20 décembre, date de la fin du mandat du dirigeant congolais.
"Nous réclamons aujourd'hui l'alternance, nous réclamons la libération des prisonniers politiques et d'opinion", décrète Gloria Senga, militante de Lutte pour le changement (Lucha), un mouvement citoyen dont une dizaine de militants ont été "arrêtés injustement" depuis mars 2015 en RDC.
Le régime actuel étant "dictatorial, autoritaire", la militante espère que le "Rassemblement va aboutir à quelque chose de bon", pour la RDC.