Les syndicalistes avaient été condamnés mi-janvier à un mois de prison avec sursis par la juge Hellen Wasilwa, qui leur avait donné deux semaines pour annoncer la fin de la grève, faute de quoi la peine serait appliquée.
La même juge a ordonné lundi leur incarcération, estimant qu'il n'y avait aucun motif de revenir sur son jugement précédent.
"Les requérants n'ont démontré devant le tribunal aucun argument nouveau et irréfutable, n'ont signalé aucune erreur dans le dossier, ou aucune raison suffisante qui justifierait de revenir sur la décision du tribunal", a-t-elle expliqué.
Les syndicalistes ont, sitôt le jugement prononcé, été menottés et conduits en prison, en passant parmi leurs partisans rassemblés devant le tribunal, pancartes en main.
La grève, qui a démarré le 5 décembre dans les hôpitaux publics, a de lourdes conséquences pour les malades dont certains sont dirigés vers des cliniques privées trop chères pour la majorité de la population.
La justice a donné raison au gouvernement qui considère le mouvement illégal au motif qu'il a été enclenché alors que des négociations salariales étaient en cours.
Les quelque 5.000 médecins du secteur public ont fait valoir que leur revendication principale - une multiplication de leur salaire par quatre - figurait dans un accord de négociation collective signé en 2013, mais qui n'a jamais été appliqué.
Ils ont déjà rejeté une proposition du gouvernement d'augmenter de 40% leur salaire, selon les syndicats.
Le syndicat des praticiens, pharmaciens et dentistes (KPMDU), dont les sept personnes emprisonnées lundi sont membres, a immédiatement annoncé que les négociations avec le gouvernement étaient suspendues.
"En l'état des choses, nous sommes déçus et nous avons suspendu toutes négociations", a déclaré un responsable du KPMDU, Thuranira Kaugiria, appelant à la rapide libération de ses collègues.
"La meilleure manière d'avancer, c'est que nos dirigeants soient relâchés et indemnisés pour ce qui leur est arrivé. Nous réclamons des excuses et ensuite nous avons besoin de conclure les négociations", a-t-il ajouté.
Les grévistes, qui dénoncent la corruption endémique gangrénant le pays, bénéficient du soutien de nombreux Kényans. Le quotidien The Standard soulignait récemment qu'un député gagne trois fois plus d'argent (plus de 10.000 euros mensuels) que les médecins les mieux payés du pays.
A l'approche des élections prévues en août, la grève des médecins est un dossier épineux et potentiellement dommageable pour le président Uhuru Kenyatta, qui briguera un second mandat.
L'opposition s'est d'ailleurs emparée du sujet en rappelant lundi que le droit de grève est garanti par la Constitution et en dénonçant "l'intransigeance, l'incompétence et l'incapacité à diriger" du parti au pouvoir.
Le président a passé quatre années "à ignorer des problèmes et à espérer qu'ils se résolvent d'eux-mêmes", a accusé le chef de l'opposition, l'ancien Premier ministre Raila Odinga.
"Si le président ne peut pas se hisser à la hauteur des enjeux, alors, pour le bien de la Nation, il doit l'admettre et faire savoir aux Kényans qu'ils sont livrés à eux-mêmes", a-t-il ajouté.
Avec AFP