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Deuil national de trois jours en Ethiopie après la mort de 58 personnes dans un festival


Des protestants blessés attendent de l'aide après que plusieurs personnes ont été tuées à Bishoftu, dans la région d'Oromia, Ethiopie, le 2 octobre 2016.
Des protestants blessés attendent de l'aide après que plusieurs personnes ont été tuées à Bishoftu, dans la région d'Oromia, Ethiopie, le 2 octobre 2016.

L'Ethiopie a commencé lundi un deuil national de trois jours après la mort de 58 personnes dans un mouvement de foule lors du traditionnel festival oromo Irreecha, dimanche à Bishoftu, au sud d'Addis Abeba.

Les drapeaux flottaient à mi-mât dans toutes les institutions gouvernementales, les ambassades et consulats éthiopiens dans le monde, les écoles et les navires sous pavillon éthiopien.

La radio nationale EBC diffusait de la musique au lieu de ses programmes habituels.

Cinquante-huit corps de personnes décédées après avoir été piégées par un mouvement de foule lors du traditionnel festival oromo Irreecha, dimanche à Bishoftu, au sud d'Addis Abeba, ont été amenés dans le principal hôpital de la ville, a-t-on appris lundi de source médicale.

Bilan passé de 52 à 58 morts

Auparavant, le gouvernement régional oromo avait annoncé dans un communiqué que 52 personnes étaient décédées dimanche à Bishoftu dans une bousculade, en raison de l'action de "forces irresponsables" qui avait déclenché un mouvement de foule.

"D'après ce que mes collègues ont enregistré, 58 personnes (mortes) ont été amenées à cet hôpital", a déclaré le docteur Fedese Mengesha à une équipe de l'AFP qui s'est rendue sur place lundi.

"Je ne sais pas si d'autres corps ont été emmenés ailleurs, ou enlevés par leur famille", a-t-il cependant précisé.

L'opposition conteste le bilan officiel et parle d'au moins 100 morts. Elle accuse aussi les forces de sécurité éthiopiennes d'avoir tiré à balles réelles sur la foule.

Mais les journalistes de l'AFP n'ont trouvé aucun témoin, ni élément permettant de confirmer cette version. Ils n'ont vu aucune cartouche de balles sur les lieux, où traînaient surtout des chaussures et quelques vêtements abandonnés par les gens dans la précipitation.

"Je n'ai vu aucune trace de blessures par balles sur les corps", a confirmé le docteur Menghesa, selon qui toutes les victimes sont mortes par étouffement. "Les corps avaient de la terre sur les visages. Certains saignaient de la bouche ou du nez", a-t-il décrit.

Manifestation pacifique pour les Oromo

Plusieurs dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées sur les bords du lac Harsadi, sacré pour les Oromo, pour assister à la cérémonie de l'Irreecha qui marque la fin de la saison des pluies.

Les participants ont d'abord manifesté pacifiquement leur hostilité au gouvernement en brandissant leurs bras croisés au dessus de la tête, un geste devenu le symbole de la contestation des Oromo face aux autorités éthiopiennes.

Mais la cérémonie a dégénéré lorsque des dirigeants oromo affiliés au gouvernement ont été pris à partie par la foule. La police a répliqué en utilisant des gaz lacrymogènes, ce qui a déclenché un mouvement de panique parmi les manifestants.

Plusieurs personnes sont tombées les unes sur les autres dans un fossé profond de plusieurs mètres à proximité et sont mortes étouffées.

Des tirs ont aussi claqué, sans qu'il soit possible de déterminer s'il s'agissait de tirs à balle réelle ou non, et des cartouches de balles en caoutchouc ont également été retrouvées, selon un photographe de l'AFP qui était sur les lieux.

Des activistes oromo ont appelé sur les réseaux sociaux à "cinq jours de colère" en réponse à ce drame.

L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé en région oromo (centre et ouest) au mois de novembre 2015 et qui s'est étendu depuis l'été à la région amhara (nord).

Ces deux ethnies représentent environ 60% de la population éthiopienne et contestent de plus en plus ouvertement ce qu'ils perçoivent comme une domination sans partage de la minorité des Tigréens, issus du nord du pays.

Avec AFP

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