"L'auditorat militaire (Parquet militaire, ndlr) a arrêté deux (autres) personnes: un avocat venu librement se présenter aux magistrats et un habitant de Bunkonde, le village où avait eu lieu le meurtre", a déclaré mardi à l'AFP un haut magistrat militaire.
"L'auditorat détient maintenant les quatre personnes que nous considérons comme des suspects. Il nous reste à savoir ce qui s’est réellement passé pour que ces quatre personnes soient en possession de cette vidéo presque immédiatement après le meurtre et au même moment", a-t-il ajouté.
Les quatre personnes en détention sont accusées par le Parquet militaire de "terrorisme, association des malfaiteurs et insurrection". Ils encourent la peine capitale.
Après l'interpellation en août d'un vidéaste, Israel Ntumba, un journaliste, Sosthène Kambidi, correspondant à Kananga, chef-lieu du Kasaï-central, de l'AFP et du média congolais en ligne Actualité.cd, a été arrêté à son tour ces derniers jours: tous deux sont accusés d'avoir été en possession de la vidéo du meurtre des deux experts.
RSF a appelé à la libération de M. Kambidi, rappelant qu'il "n'avait jamais diffusé" la vidéo et l'avait "transmise aux autorités".
Tôt mardi matin, Sosthène Kambidi, incarcéré depuis le 20 septembre a été emmené à l'aéroport de Kinshasa pour être acheminé à Kananga, accompagné d'un magistrat militaire, a indiqué à l'AFP Me Godefroid Kabongo, son avocat.
"Mon mari est effectivement arrivé à Kananga. En ce moment, il est à l'auditorat militaire", a déclaré par téléphone Mimi Milolo, son épouse.
Vendredi, le vidéaste Israel Ntumba avait lui aussi a été transféré de sa prison de Kinshasa vers Kananga.
L'Américain Michael Sharp et la Suédoise d'origine chilienne Zaida Catalan ainsi que leurs quatre accompagnateurs congolais ont été tués le 12 mars 2017, dans la province du Kasaï-central (centre). Une trentaine de personnes sont jugées pour ces meurtres, mais leur procès, ouvert le 5 juin 2017, piétine.
Selon la version officielle des autorités de l'époque, les deux experts ont été exécutés par des partisans du chef traditionnel Kamuina Nsapu, alors en guerre contre l'armée régulière.
Ce conflit a fait 3.400 morts et déplacé des dizaines de milliers de personnes entre septembre 2016 et mi-2017 dans la région du Kasaï.