Deux organisations congolaises ont appelé mercredi à Brazzaville à la tenue d'un dialogue entre pouvoir, opposition et société civile en vue d'une sortie de crise dans la région du Pool, dans le sud du Congo.
"La solution à la crise du Pool n'est pas militaire. Ça fait une année qu'on utilise tous les moyens militaires, mais il n'y a jamais eu de solution", a déclaré Trésor Nzila, directeur exécutif de l'OCDH.
"La solution est politique. Il faut qu'il y ait un dialogue inclusif franc entre tous les acteurs: le pouvoir, l'opposition, la société civile dans son ensemble et sous l'égide de la communauté internationale pour qu'on trouve une solution".
"Nous lançons un appel au dialogue et à la pacification parce qu'on ne peut pas résoudre une crise comme celle du Pool en ayant recours aux armes", a dit à Charlin Kinouani, coordonnateur-adjoint de Ras-le-bol.
Élections
Dans le Pool, les personnalités pressenties candidates à ces élections ne savent même pas si les élections auront lieu dans leurs circonscriptions.
"A Goma TséTsé, tout le district se vide. Les populations sont entrain de partir. Il faut que les jeunes qui tiennent les armes les déposent. Mais sinon, nous sommes là, nous regardons", affirme Clotaire Didier Boutsindi, candidat dans le district de Goma Tsé Tsé dans le Pool.
Anastasie Makosso, responsable de l’ONG ‘’Femmes Leaders du Pool’’ redoute même une faible mobilisation si les élections venaient à être organisées dans ce département.
Le gouvernement continue d’organiser l’opération de révision des listes électorales, alors que le PCT, le principal parti au pouvoir, désigné ce vendredi 26 mai ses 151 candidats à ces élections.
Le Pool et la violence
Théâtre de violents affrontements entre 1998 et 2003 ayant opposé l'armée et les ex-combattants ninjas dirigés par l'ex-chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, le département du Pool est retombé dans la violence après la présidentielle du 20 mars 2016 remportée par le président Denis Sassou Nguesso (73 ans) dès le premier tour, mais contestée par l'opposition.
Le chef de l'État cumule plus de 32 ans à la tête du Congo.
Les autorités de Brazzaville accusent le pasteur Ntumi, qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt, et ses ex-combattants, d'être responsables des exactions actuelles.
Début mai, le gouvernement congolais avait exprimé son refus de dialoguer avec le pasteur Ntumi sur la situation du pool, tout en affirmant que l'ex-chef rebelle "serait vaincu".
La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) avait dénoncé récemment "la répression à huis clos" en cours depuis un an dans le Pool, tirant "la sonnette d'alarme sur la tragédie des populations" qui se déroule dans "l'indifférence générale".
Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville