Ado Dahiru Daukaka est porté disparu depuis vendredi dans la capitale de l'Etat d'Adamawa, Yola, quelques jours après la sortie de sa chanson intitulée "Gyara Kayanka", qui signifie "mettez un peu d'ordre chez vous" en langue haussa.
L'artiste y compare les législateurs du Parlement local avec leurs prédécesseurs peu scrupuleux, et les accuse de corruption et d'égoïsme. Il affirme que les hommes politiques affiliés au parti du président Muhammadu Buhari, élu l'an dernier, seront chassés du pouvoir lors des élections de 2019.
Un des membres de sa famille, Atiku Mustapha, estime que "sa disparition est un enlèvement commandité par des parties en colère contre sa dernière chanson, qui expose la corruption dans les rangs des législateurs" de l'Etat d'Adamawa.
"Nous pensons qu'ils l'ont enlevé en signe d'avertissement à d'autres détracteurs. Ils veulent museler les critiques", a-t-il affirmé à l'AFP.
Une de ses deux femmes, Hadiza Adamu, a assuré que son mari n'avait de différend avec personne et que "la seule explication que nous puissions fournir est que ses chansons ont provoqué la colère d'intérêts puissants". L'épouse, qui venait d'accoucher cinq jours avant la disparition du chanteur, a appelé ses ravisseurs à le libérer sain et sauf.
La police a ouvert une enquête et "fait tout son possible pour trouver où il se trouve", a déclaré le porte-parole de la police locale, Othman Abubakar, tout en se refusant à dire si la disparition de M. Daukaka avait ou non un rapport avec sa chanson controversée.
La chanson politiquement engagée est une tradition du Nord du Nigeria. Un des chanteurs les plus populaires du pays, la légende de l'Afrobeat Fela Kuti, avait été emprisonné sous le bref règne de M. Buhari, à l'époque un des généraux qui se sont succédé au pouvoir dans les années 1980.
Fela Kuti avait été accusé de trafic de devises mais les organisations de défense des droits de l'Homme avaient dénoncé une détention politique après les critiques du chanteur contre le régime militaire.
Avec AFP