Dimanche, le salon international pétrolier annuel de Téhéran s'est ouvert dans une ambiance "morose", a indiqué à l'AFP une participante, alors que M. Trump doit annoncer mardi s'il sort son pays de cet accord conclu en 2015 et s'il rétablit les sanctions contre l'Iran.
"Il y avait moins d'étrangers, les stands étaient plus petits, c'était déprimant", a ajouté cette consultante. Selon le quotidien iranien Hamshari, les organisateurs du salon font état d'une baisse de la fréquentation d'un tiers par rapport à 2017.
Depuis la levée d'une partie des sanctions internationales permise par l'accord nucléaire de Vienne, l'Iran n'a véritablement signé en 2017 qu'un seul accord majeur dans le domaine pétrolier, avec le Français Total associé au Chinois CNPC, pour un investissement de 5 milliards de dollars.
Mais si Total est revenu en Iran, son maintien dépendra pour beaucoup de ce dont doit annoncer M. Trump, farouchement hostile à l'accord de 2015 qui prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions internationales en échange de la garantie que l'Iran ne se dotera pas de l'arme atomique.
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Du fait du maintien de sanctions américaines contre l'Iran -non liées au nucléaire-, les banques européennes restent pétrifiées à l'idée de faciliter des transactions avec la République islamique, alors même qu'elles sont encouragées par les gouvernements de leurs pays respectifs à le faire.
"Investissements sur pause"
"Les Iraniens n'avaient pas du tout prévu que les Etats-Unis feraient de la surenchère sur les banques", note un entrepreneur étranger pour qui les grands "groupes et les banques (étrangers) s'autocensurent beaucoup trop", à cause des sanctions américaines encore en vigueur.
Après la signature de l'accord nucléaire, l'Iran a collectionné des promesses d'investissements. Mais selon la Banque mondiale, le montant net des investissements directs étrangers en Iran a atteint 3,4 milliards de dollars en 2016. Le président iranien Hassan Rohani en visait 50 milliards.
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Pour les Iraniens, l'accord est un "véritable désenchantement", estime Ardavan Amir-Aslani, avocat franco-iranien, cofondateur du cabinet parisien Cohen Amir-Aslani, représenté à Téhéran depuis 2016.
"Ils peuvent vendre leur pétrole, d'accord, mais c'est tout juste suffisant pour payer les fonctionnaires et entretenir les infrastructures", dit-il à l'AFP, "tous les investissements sont sur pause".
Fuite des capitaux
Les difficultés persistantes de l'économie pèsent sur le cours du rial iranien, et l'incertitude créée par M. Trump a entraîné une forte spéculation contre la devise iranienne qui, en un peu plus de six mois, a perdu près de 40% de sa valeur par rapport au dollar.
Cela a entraîné une forte inflation et contraint les autorités à mettre fin au libre flottement de la monnaie nationale.
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Les chiffres sont impossibles à vérifier, mais plusieurs analystes et officiels parlent d'une fuite des capitaux hors d'Iran comprise entre 10 milliards et 30 milliards de dollars en quelques mois.
Les dirigeants iraniens accusent régulièrement les Etats-Unis de violer l'accord de 2015, par lequel l'Union européenne et Washington se sont engagés (article 29) à s'abstenir de "toute mesure conçue précisément pour porter préjudice directement à la normalisation des relations économiques et commerciales avec l'Iran".
Toutes les difficultés économiques que connaît l'Iran ne sont cependant pas liées à M. Trump.
La crise du système bancaire, la faiblesse du secteur privé dans une économie largement étatisée et le chômage de masse qui frappe la jeunesse ne datent pas d'hier.
La vague de contestation sanglante qui a touché le pays autour du Nouvel An est venue rappeler au pouvoir qu'il était d'urgent de trouver des remèdes à ces maux.
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Dans un article récent, Djavad Salehi-Isfahani, professeur à l'université américaine Virginia Tech estime que l'équipe de M. Rohani "s'est avérée incapable de répondre aux problèmes économiques croissants".
En fonction de ce que décidera M. Trump, les efforts de M. Rohani pour ouvrir davantage l'économie à la libre-entreprise et au monde pourraient être "stoppés nets" et la vision des ultraconservateurs, partisans d'une "économie de résistance" tournée sur elle-même et sérieusement contrôlée par les autorités, pourrait selon lui alors s'imposer.
Avec AFP