Dans un discours très attendu prononcé à Ryad devant les représentants d'une cinquantaine de pays musulmans, M. Trump s'en est violemment pris à l'Iran accusé de "soutenir le terrorisme", pour le grand plaisir des monarchies sunnites du Golfe dont l'Arabie saoudite, qui redoutent l'influence de leur grand rival chiite.
Se disant porteur d'un message "d'amitié, d'espoir et d'amour" du peuple américain, il a souligné la symbolique de son déplacement -son premier en tant que président- "au coeur du monde musulman".
Contraste saisissant avec sa rhétorique de campagne -au cours de laquelle il avait affirmé que "l'islam nous déteste"- le magnat de l'immobilier a longuement insisté sur le fait que ce combat n'est pas "une bataille entre religions".
"C'est une bataille entre des criminels barbares qui essaient d'anéantir la vie humaine et des gens bien de toutes religions qui cherchent à la protéger", a-t-il lancé.
'Le bien et le mal'
"C'est une bataille entre le bien et le mal", a ajouté celui qui a été accusé d'alimenter l'islamophobie et qui, au début de sa campagne, avait proposé de fermer purement et simplement l'accès aux Etats-Unis aux musulmans.
Le président américain, dont le pays combat sans relâche depuis 2014 le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, a aussi insisté sur la nécessité pour les Etats du Proche-Orient et du Golfe de jouer un rôle plus actif dans la lutte antiterroriste.
Il a appelé les dirigeants musulmans à "faire face à la crise de l'extrémisme islamiste", expression sensiblement différente de celle de "terrorisme islamique radical" qu'il avait largement utilisée jusqu'ici mais qui avait provoqué des grincements de dents dans le monde musulman.
"Les leaders religieux doivent le dire avec une très grande clarté (...) Si vous choisissez la voie du terrorisme, votre vie sera vide, votre vie sera brève", a-t-il martelé.
Exhortant les dirigeants musulmans à n'offrir aucun "refuge" aux terroristes, à les "chasser" de leurs communautés et de leurs lieux de culte, il a dit: "C'est un choix que l'Amérique ne peut faire pour vous".
Soulignant que peu de nations avait été épargnées par le terrorisme, il a évoqué "les atrocités" du 11-Septembre, mais aussi toutes les victimes en Europe, en Afrique ou Asie. Mais il aussi appelé à ne jamais oublier que "95%" des victimes sont des musulmans.
Comme c'est le cas depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump s'est gardé de toute critique sur la question des droits de l'Homme, devant un parterre de dirigeants dont nombre d'entre eux sont régulièrement montrés du doigt par les organisations internationales.
Revendiquant un contraste marqué avec son prédécesseur démocrate Barack Obama sur ce thème, M. Trump assure qu'il préfère agir dans la discrétion, gage, selon lui, d'une plus grande efficacité.
'Isoler l'Iran'
"Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux autres comment vivre", a-t-il affirmé.
Mais M. Trump, qui a annoncé dimanche une conférence de presse d'ici deux semaines pour expliquer sa stratégie de lutte contre l'EI, a aussi lancé un appel clair aux pays de la région à prendre leur pleine part dans le combat contre le terrorisme.
"L'Amérique est prête à être à vos côtés (...) mais les pays du Proche-orient ne peuvent attendre que la puissance américaine écrase l'ennemi pour eux (...) Ils doivent décider de l'avenir qu'ils veulent pour eux-mêmes, leurs pays, leurs enfants".
"Le terrorisme s'est répandu à travers le monde. Mais le chemin vers la paix commence ici, sur cette terre ancienne, cette terre sacrée", où se trouvent des lieux saints de l'islam (La Mecque et Médine), a-t-il encore dit.
Sur l'Iran, pays avec lequel les Etats-Unis sont en brouille depuis plusieurs décennies, M. Trump a dénoncéun pays "responsable de tant d'instabilité dans la région".
"En attendant que le régime iranien montre sa volonté d'être un partenaire dans la paix, toutes les nations (...) doivent travailler ensemble pour l'isoler", a-t-il dit, en accusant le régime iranien d'attiser "les feux du conflit confessionnel et du terrorisme".
Quelques minutes avant lui, le roi Salmane d'Arabie saoudite, royaume sunnite, s'était livré à une attaque en règle contre l'Iran qu'il a qualifié de "fer de lance du terrorisme mondial".
Le président américain a multiplié dimanche les rencontres avec des dirigeants de la région, dont ceux des monarchies du Golfe et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
L'accueil royal réservé à M. Trump en Arabie saoudite contraste avec la tempête politique à Washington marquée par des révélations accablantes sur des liens entre la garde rapprochée du président américain et la Russie.
M. Trump devait rejoindre lundi matin Israël, deuxième étape d'un voyage qui le mènera aussi dans les Territoires palestiniens, au Vatican, à Bruxelles et en Sicile pour les sommets de l'Otan et du G7.
Avec AFP