Mais à la faveur d'une campagne atypique, de discours décapants jouant sur les insécurités des Américains dans un monde qui change, le milliardaire new-yorkais de 70 ans a terrassé 16 adversaires dans la campagne des primaires, fait exploser le politiquement correct et mis en pièces un parti républicain tétanisé.
Il est devenu cette semaine le candidat officiel de ce parti à la présidentielle, à la convention de Cleveland.
Avant de se lancer dans la campagne en juin 2015, il était surtout connu pour les tours, golfs et casinos à son nom, ses divorces pour tabloïds, et pour être l'animateur star de l'émission de télé-réalité "The Apprentice".
Mais ce populiste s'est révélé être un formidable animal politique, porté par un égo surdimensionné.
- Imprévisible -
Il ose tout dire, et parfois n'importe quoi. Avec un instinct redoutable, il cogne là où ça fait mal. Des milliers d'Américains, blancs pour la plupart, se pressent à ses meetings, rassurés par ses discours qui attaquent pèle-mêle les hommes politiques traditionnels des "idiots" la presse, la mondialisation, les immigrés, les musulmans. Et par son slogan qui promet de "rendre sa grandeur à l'Amérique".
Il a des solutions simples à tous les problèmes complexes, veut construire un mur à la frontière mexicaine, payé par le Mexique, pour empêcher l'immigration clandestine. Parle d'expulser des Etats-Unis les 11 millions de clandestins. De faire revenir les emplois partis à l'étranger. Face au terrorisme, il veut interdire l'entrée des musulmans aux Etats-Unis.
Il se positionne comme le candidat de "l'ordre public" face aux récentes tensions raciales.
Il est charismatique, inattendu, parfois drôle, se pose en sauveur d'une Amérique selon lui moribonde et devenue la risée du monde.
Ses fans s'enflamment à l'écouter. Et veulent croire qu'il saura régler tous les problèmes de l'Amérique.
D'autant que Trump, qui a financé sa campagne des primaires avec ses fonds privés, leur semble incorruptible, face aux candidats soutenus par des myriades de groupes d'intérêt.
Et il a sa part de rêve, sa famille glamour unie derrière lui. Ses deux filles, ses deux fils adultes, sont montés à la tribune à Cleveland, pour chanter ses louanges. Trois d'entre eux sont très impliqués dans sa campagne.
Il habite un triplex aux allures de mini-Versailles en haut de la tour Trump à New York, se déplace dans son Boeing 757 privé.
- Médiatique -
Chevelure blonde improbable, impeccablement habillé, il fascine, horrifie.
Mais ses déclarations belliqueuses, ses dérapages, sa spontanéité, à l'inverse d'une Hillary Clinton hyper prudente, lui ont assuré une large couverture télévisée - gratuite. Audience oblige.
Il a été démocrate jusqu'en 1987, républicain (1987-1999), membre du parti de la Réforme (1999-2001), démocrate (2001-2009), avant de repasser républicain. Ses idées ont souvent varié.
Né à New York, rapidement envoyé dans une école militaire pour tenter de calmer son tempérament volcanique, il était le quatrième des cinq enfants d'un promoteur immobilier new-yorkais.
Après des études de commerce, il rejoint l'entreprise familiale. Son père l'aide à ses débuts avec "un petit prêt d'un million de dollars".
En 1971, Donald Trump prend le contrôle de l'entreprise paternelle. Son père construisait des logements pour la classe moyenne, il préfère les tours de luxe, les hôtels, casinos et golfs, de Manhattan à Bombay.
Ce fan de catch était aussi jusqu'en 2015 co-propriétaire des concours Miss Univers et Miss America. Il a animé de 2004 à 2015 "The Apprentice".
Trump a dans sa carrière intenté ou été la cible de dizaines de procès civils liés à ses affaires.
Il n'a jamais voulu publier ses feuilles d'impôt, soupçonné d'avoir utilisé toutes les ficelles légales pour ne pas en payer.
Il s'est marié trois fois : deux mannequins, une actrice. Il a cinq enfants, huit petits-enfants.
Il était dans les années 90 pour la liberté en matière d'avortement. Est contre le contrôle des armes à feu, après les avoir critiquées. Il veut lourdement taxer les importations chinoises.
Mais pour les détails de son programme, il faudra encore attendre. "Nous voulons être imprévisibles. Nous devons être des joueurs de poker, des joueurs d'échecs", a-t-il expliqué, disant qu'il ne voulait pas que les ennemis des Etats-Unis, ou même leurs alliés, sachent ce qu'il pense.
Avec AFP