L'annonce du président américain, prévue à 13H00 (18H00 GMT), pourrait faire capoter les efforts de paix de son gendre et conseiller Jared Kushner, chargé de trouver une issue au conflit, défi face auquel tous les prédécesseurs de M. Trump ont échoué.
Toute reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël est un casus belli pour les dirigeants palestiniens, qui estiment que Jérusalem-Est, annexée par Israël en 1967, doit être la capitale de l'Etat auquel ils aspirent et que le statut de la ville ne peut être réglé que dans le cadre d'un accord de paix.
"Le 6 décembre 2017, le président Trump reconnaitra Jérusalem comme la capitale d'Israël", a indiqué un responsable de l'administration sous couvert d'anonymat, mettant en avant la "reconnaissance d'une réalité" à la fois historique et contemporaine.
Le locataire de la Maison Blanche ordonnera par ailleurs de préparer le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv de Jérusalem. Il ne fixera cependant pas de calendrier pour ce déménagement qui devrait prendre "des années", avec la nécessité de trouver un site, financer et construire un nouveau lieu.
"Le président tient une promesse centrale de sa campagne, promesse qui avait été faite par nombre de candidats à la présidentielle", a indiqué ce responsable américain.
A l'appui de son raisonnement, l'exécutif souligne que retarder la reconnaissance de Jérusalem comme capitale "n'a, pendant plus de deux décennies, en rien aidé pour arriver à la paix".
- 'Colère des musulmans' -
Si le président reste déterminé "à aboutir un accord de paix durable" entre Israélien et Palestiniens et est "optimiste" sur les chances d'y parvenir, l'équation s'annonce désormais redoutablement compliquée.
Au cours d'un échange téléphonique mardi, le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en garde M. Trump contre les "conséquences dangereuses d'une telle décision sur le processus de paix, la sécurité et la stabilité dans la région et dans le monde".
Les appels contre une telle décision aux conséquences imprévisibles sont tombées en cascade au cours des dernières 24 heures.
Le roi Salmane d'Arabie saoudite a averti Washington qu'une telle décision risquait de provoquer "la colère des musulmans". "C'est un pas dangereux", a dit le roi saoudien selon la télévision d'Etat al-Ekhbariya.
"M. Trump, Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans", a averti le président turc Recep Tayyip Erdogan. Président en exercice de l'Organisation de la coopération islamique, il a précisé qu'un sommet des 57 pays membres, se tiendrait "sous 5 à 10 jours" si Washington reconnaissait Jérusalem comme capitale d'Israël.
La Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, a mis en garde contre "une démarche aux conséquences graves" et les risques d'"escalade".
En Europe, nombre de voix se sont élevées. Le président français Emmanuel Macron a exprimé sa "préoccupation". "Tout ce qui contribue à attiser la crise est contre-productif en ce moment", a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel.
- Tension à Jérusalem -
La question est la même tous les six mois depuis plus de deux décennies: le président américain accepte-t-il de déménager l'ambassade des Etats-Unis en Israël vers Jérusalem, comme le prévoit une loi adoptée en 1995, ou signe-t-il une dérogation pour la maintenir à Tel-Aviv, à l'instar du reste de la communauté internationale ?
Concrètement, M. Trump signera une nouvelle fois cette dérogation car la nouvelle ambassade ne sera pas prête avant plusieurs années, a souligné la Maison Blanche. Mais il demandera au département d'Etat de préparer le transfert.
Preuve de la tension que l'attente de cette décision suscite dans la région, les Etats-Unis ont interdit aux employés du gouvernement américain tout déplacement personnel dans la Vieille ville de Jérusalem.
Cette interdiction vaut également pour la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël et contigu à Jérusalem, a précisé le département d'Etat. Seuls les déplacements officiels "essentiels", assortis de mesures de sécurité supplémentaires, sont autorisés.
Evoquant une éventuelle relance des discussions sur le processus de paix, au point mort depuis 2014, un responsable américain a précisé que M. Trump était prêt à soutenir "une solution à deux Etats" si Israéliens et Palestiniens tombaient d'accord sur ce point.
Avec AFP