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Du Mali au Zimbabwe, le lithium africain suscite des convoitises


Des employés chargent les batteries lithium-ion d'une moto électrique dans une station de recharge à énergie solaire à Wedza, au Zimbabwe, le 22 mai 2020.
Des employés chargent les batteries lithium-ion d'une moto électrique dans une station de recharge à énergie solaire à Wedza, au Zimbabwe, le 22 mai 2020.

Le monde vit une nouvelle ruée, non vers l’or, mais vers le lithium, qui pour beaucoup, représente l'avenir de la production de véhicules électriques et dont dépend la lutte contre le changement climatique. L’Afrique devient de plus en plus convoitée pour le précieux métal rare dont elle regorge.

Les prix du "métal vert" ont connu une hausse de près de 500 % l'année dernière due au fait que "pratiquement tous les constructeurs automobiles se sont lancés dans la production de véhicules électriques”, selon Sung Choi, analyste des métaux chez BloombergNEF.

Pour le tsar de la voiture électrique et PDG de Tesla, Elon Musk, les coûts "insensés" signifient que son entreprise "pourrait […] devoir se lancer directement dans l'extraction et le raffinage à grande échelle”, a-t-il tweeté.

Comme ce que font déjà les entreprises chinoises qui cherchent à s'assurer qu'elles ne manqueront pas du métal nécessaire à la fabrication des batteries lithium-ion, dont la Chine possède le plus grand marché de voitures électriques (VE) au monde et assure 80 % de la production mondiale.

Le lithium d’Afrique de plus en plus convoité

Alors que plus de la moitié des ressources mondiales de lithium se trouvent en Amérique du Sud et en Australie, la Chine parcourt le monde à la recherche de nouvelles sources de ce métal, notamment sur le plateau de Qinghai-Tibetan en Inde et ailleurs, mais aussi de plus en plus en Afrique.

"L'Afrique a récemment été sous les feux de la rampe avec ses abondantes ressources en métaux", assure M. Choi.

Le conglomérat chinois BYD, dont le siège est à Shenzen, est en pourparlers pour acheter six nouvelles mines de lithium dans des pays africains non spécifiés, rapporte Reuters, citant la publication The Paper, soutenue par le gouvernement de Pékin. La VOA a envoyé plusieurs courriels à l'entreprise pour demander des détails sur ces transactions, mais ils sont restés sans réponse.

Au Zimbabwe, un pays qui abrite d'importants gisements inexploités de cette ressource, la Chine rachète des mines. Selon Reuters, la société Zhejiang Huayou Cobalt investit 300 millions de dollars dans la mine Arcadia Lithium qu'elle vient d'acquérir dans la périphérie de Harare, la capitale. L'argent servira à construire une usine d'une capacité de traitement de 400 000 tonnes métriques de concentré de lithium par an.

Shenzhen Chengxin Lithium Group et Sinomine Resource Group ne sont que deux des autres sociétés qui ont investi dans le lithium au Zimbabwe en 2021.

Le gouvernement de Harare salue cet investissement. Sa porte-parole Monica Mutsvangwa a déclaré à la VOA via WhatsApp que le pays, économiquement instable, qui fait l'objet de sanctions occidentales, prévoit de se présenter comme un acteur majeur dans "le secteur florissant du lithium".

"Nous cherchons à combler le vide créé par le remplacement des moteurs à combustible fossile par des batteries électriques", a-t-elle précisé.

"L'industrie du stockage des batteries de la nouvelle ère des véhicules électriques vous a mis sur la touche... Les chiffres à trois chiffres des fusions et acquisitions d'Arcadia Lithium, des gisements de lithium de Buhera et de Bikita Minerals vous ont mis sur la touche”, a-t-elle ajouté dans un courriel adressé à VOA, dans une apparente référence à l’Occident.

Leo Lithium Limited, firme australienne en collaboration avec le chinois Ganfeng Lithium, possédant la plus grande capacité de production de lithium au monde, va réaliser la 1ère mine de lithium d'Afrique de l'Ouest,au Mali. Le montant est estimé plus de 160 milliards FCFA.

En 2021, Ganfeng Lithium Co, l'un des plus grands producteurs de lithium au monde, a annoncé qu'il paierait 130 millions de dollars pour une participation dans la mine de roche dure de Goulamina au Mali, à environ 150 km au sud de Bamako, la capitale du Mali. Elle est considérée comme "l'un des actifs de lithium de la plus haute qualité au monde".

L'agence Reuters assure que cet achat a marqué le premier investissement de la société chinoise dans l'extraction du lithium en Afrique alors qu'elle cherche à accroître la production du produit utilisé dans les batteries des véhicules électriques.

En République démocratique du Congo, le géant minier chinois Zijin est engagé dans une bataille juridique avec la société australienne AVZ minerals pour le contrôle de la mine de Manono, qui pourrait être le plus grand gisement de lithium du monde, dans l'est du pays riche en ressources.

Les Occidentaux pris de court

Joe Lowry, fondateur de la société de conseil Global Lithium, a déclaré à VOA que les producteurs occidentaux de lithium ont été pris de court par la croissance de l'industrie des voitures électriques (VE), et donc, par la ruée vers le lithium.

"Le lithium a été un minuscule marché de niche pendant 7 décennies. Le marché mondial des produits chimiques à base de lithium n'a pas atteint un milliard de dollars avant 2015. L'industrie n'était pas préparée à l'électrification des transports. Vous pouvez construire une énorme usine de batteries comme le fait Tesla en quelques années. Il faut jusqu'à dix ans pour mettre en ligne un projet de produits chimiques au lithium entièrement intégré”, soutient-il par courriel.

Pendant ce temps, "les producteurs chinois ont investi en avance sur la courbe des ressources en dehors de la Chine ... (et) s'intéressent à l'Afrique", fait remarquer M. Lowry.

Les États-Unis reconnaissent aussi l'importance de l'Afrique. "L'Afrique possède de vastes gisements d'énergie inexploités... (nécessaires à) la transition vers une énergie propre, notamment pour les téléphones portables, les moteurs d'avion, les véhicules hybrides électriques et les systèmes de guidage de missiles”, a affirmé en avril le général Stephen Townsend, commandant de l'AFRICOM à la commission des crédits de la Chambre des représentants.

"Les gagnants et les perdants de l'économie mondiale du XXIe siècle peuvent être déterminés par le fait que ces ressources sont disponibles sur un marché ouvert et transparent ou sont inaccessibles en raison des pratiques prédatrices des concurrents", a-t-il souligné.

Besoin de restructurer le marché minier africain

Si certains composants clés des VE proviennent d'Afrique, le marché du produit fini - fabriqué à l'étranger - est encore minuscule sur le continent. Les mines fournissent des emplois, mais les critiques disent que les populations locales ne voient pas assez les retombées de ces projets de plusieurs millions de dollars.

En 2021, le président congolais Félix Tshisekedi a déclaré que les personnes vivant dans les régions où se trouvent des mines "croupissent toujours dans la misère", alors que les multinationales étrangères prospèrent. Il a lancé un examen des contrats "minéraux contre infrastructures" conclus par son prédécesseur avec des sociétés minières chinoises.

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