Au total, huit malades seulement ont été recensés pour 489 cas contacts suivis par les équipes de riposte sur "573 contacts identifiés" de début octobre à début novembre, explique le Dr Michel Kasereka, médecin chef de zone de santé de Beni, dans la province orientale du Nord-Kivu.
Mille doses du vaccin anti-Ebola rVSV-ZEBOV livrées dans la zone cinq jours après l'apparition du premier cas, ont permis d'interrompre la chaîne de transmission, jouant le rôle de "pare-feu de protection autour des cas" enregistrés, explique un expert du comité national de lutte qui coordonne au quotidien les activités de riposte sur le terrain.
La même stratégie avait été expérimentée contre la précédente épidémie d'Ebola à Beni entre février et mai, durant laquelle des centaines de personnes avaient été vaccinées et seuls 12 cas enregistrés, dont six décès.
Un succès, comparé à la plus forte poussée de fièvre hémorragique Ebola de l'histoire de la RDC, qui avait infecté 3.470 personnes et fait 2.287 morts entre août 2018 et juin 2020.
Et selon cet expert, qui a requis l'anonymat, "la propagation à grande échelle n'est plus à craindre" car "beaucoup de gens sont immunisés contre Ebola grâce aux campagnes de vaccination réalisées récemment dans la zone", même s'il faudra attendre plusieurs semaines "pour tirer des conclusions définitives".
Le vaccin a pu circonscrire la maladie à huit contaminations seulement et de nouveaux médicaments ont permis de sauver deux vies en guérissant deux malades.
Sur les huit malades confirmés, les six décès sont ceux de six enfants qui n'ont pas été conduits "à temps" dans les Centres de traitement d'Ebola (CTE).
"Molécules miraculeuses"
"Moi et ma femme étions soignés avec des comprimés, des injections et des perfusions. Nous ne savions pas qu'on nous soignait de la maladie à virus Ebola", témoigne le mari du couple ayant guéri.
"Si nous l'avions su, notre enfant n'allait pas mourir", explique en larmes cet homme, père du premier cas recensé, un nourrisson âgé d'un an qui a succombé.
Deux traitements, approuvés fin 2020 par l'Agence américaine des médicaments (FDA), lui ont permis, ainsi qu'à son épouse, de guérir: le REGN-EB3, un cocktail de trois anticorps monoclonaux, et le mAb114, un anticorps monoclonal commercialisé sous la marque Ebanga.
Déjà utilisés lors de la précédente flambée, ces deux traitements avaient été considérés comme efficaces à 90% par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
"Lorsqu'une personne se présente à temps dans un centre de traitement d'Ebola, la survie est garantie. Ce sont de véritables molécules miraculeuses contre la maladie à virus Ebola", affirme l'expert en charge de la lutte contre cette maladie en RDC.
A Beni, la population ne comprend pas toutefois pourquoi, lors de cette 13e épidémie déclarée le 8 octobre, aucun dispositif de lavage des mains n'était visibles aux entrées de la ville, comme c'était le cas précédemment. Ni pourquoi aucun relevé des températures, ou actions de sensibilisation n'y étaient menés.
"Nous ne sommes pas encore au bout de tunnel. Nous devons nous assurer que personne n'a échappé à nos investigations", poursuit le Dr Kasereka.
"Si cela arrive, il faut rapidement l'isoler, faire des prélèvements et si la contamination est confirmée, qu'il bénéficie d'un traitement spécifique qui existe déjà et dont l'efficacité est démontrée".