Une semaine après un sommet sur le Sahel à Paris, le chef de l'Etat français visitera vendredi soir et samedi la base de l'opération Barkhane, à l'aéroport de Niamey, où sont stationnés quelques 500 soldats français.
Cette visite de Noël à des forces déployées à l'étranger, rituelle quelque soit le président, permettra à Emmanuel Macron d'exprimer le soutien de Paris au Niger, un pays où les attaques jihadistes sont récurrentes. Le pays fait face aux groupes de la bande sahélienne à l'Ouest et au Nord, mais aussi à la secte islamiste nigériane Boko Haram au Sud-est.
"C'est un signal politique fort adressé à un partenaire engagé aujourd'hui sur tous les fronts et avec qui la France a une relation de confiance particulièrement solide", selon la présidence française.
Emmanuel Macron sera accueilli vendredi après-midi par son homologue Mahamadou Issoufou, qui le recevra le lendemain à la présidence à Niamey.
Pour le président nigérien, la lutte antiterroriste au Sahel ne concerne pas uniquement les pays de la région: "le combat que nous menons, nous le faisons aussi pour l'Europe, pour le monde entier", a-t-il expliqué la semaine dernière à l'AFP.
D'autant, selon lui, que les armées des pays sahéliens, dont le Mali ou le Burkina Faso, sont trop faibles pour traquer dans cette région semi-désertique vaste comme l'Europe les dizaines de groupes jihadistes qui se fondent dans la population et sont financés par des trafics de toutes sortes.
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C'est pour cela que la France a mis en place Barkhane, baptisée du nom d'une dune prenant la forme d'un croissant sous l'effet du vent, en août 2014. Cette opération a pris la suite de Serval, lancée en urgence en janvier 2013 au Mali pour stopper l'avancée des jihadistes qui menaçaient Bamako.
Forte de plus de 4.000 hommes, Barkhane a pour objectif d'"appuyer les forces armées" au Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie afin d'"empêcher la reconstitution de sanctuaires jihadistes".
Basée à N'Djamena, Barkhane est aujourd'hui la plus importante opération extérieure française mobilisant aussi huit avions de chasse, six à dix avions de transport, cinq drones Reaper, 300 blindés et 300 véhicules logistiques, des équipements soumis à rude épreuve.
'Projets concrets'
Les groupes jihadistes sont, selon l'Elysée, "aujourd'hui incapables de reproduire le schéma de 2013", lorsqu'ils avaient pris le contrôle du Nord-Mali. Mais ils ont réussi à s'adapter, en menant des actions plus diluées du Sud de la Libye au Nord du Nigéria, où est actif le groupe Boko Haram.
"Il nous faut gagner la guerre contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne. Or elle bat son plein. Il y a des attaques chaque jour, il y a des Etats qui sont aujourd'hui menacés", s'est alarmé Emmanuel Macron au cours d'un sommet de soutien à la force G5 Sahel la semaine dernière.
Il va de nouveau discuter de la mise en oeuvre, d'ici la mi-2018, de cette force de 5.000 hommes, composée de soldats des cinq pays impliqués, qui a récemment mené une première opération dans la zone des "trois frontières" entre Mali, Niger et Burkina Faso.
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Paris espère que sa montée en puissance permettra de réduire Barkhane, mais "cela sera décidé en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain", selon l'Elysée.
Le financement du G5 Sahel s'est révélé un casse-tête, en partie résolu par les 100 millions d'euros débloqués par l'Arabie saoudite, qui propose d'organiser en janvier à Ryad une réunion de suivi avant un sommet des donateurs en février à Bruxelles, selon l'Elysée.
ONU en tête, tous les acteurs s'accordent sur le fait que la voie militaire ne peut suffire à éradiquer la menace jihadiste sans progrès politiques et économiques.
A Niamey, Emmanuel Macron devrait annoncer des "projets concrets" de développement, dans la logique de son discours à la "jeunesse africaine" de Ouagadougou.
Paris a promis une enveloppe de 400 millions d'euros pour le développement du Niger sur la période 2018-2021, dont une partie sous la forme de projets menés par l'Agence française du développement (AFD). Certains d'entre eux visent à appuyer la volonté du président Issoufou de scolariser davantage les jeunes filles, peu nombreuses à aller à l'école.
Le Niger est en outre en première ligne sur les routes migratoires du Sahel, notamment dans la région d'Agadez, dans le nord.
Avec AFP