Le comité d'enquête, instance chargée des principales investigations criminelles en Russie, a indiqué avoir trouvé des "violations flagrantes" tant dans la construction que dans la mise en exploitation du centre commercial.
Les enquêteurs et les témoins évoquent notamment des issues de secours fermées à clé et une absence totale d'alertes avertissant les clients du centre commercial de l'incendie.
"Il n'y a eu aucune annonce, les gens ont juste commencé à courir vers la sortie. Ensuite, il y a eu une odeur de brûlé. On a commencé à comprendre que ce n'était pas un exercice", a déclaré une femme à la télévision Rossia 24.
Un autre témoin interrogé par la radio BFM a évoqué des classes d'enfants venus des villages avoisinants qui se trouvaient dans le cinéma au moment de l'incendie, dans des salles qui avaient été fermées à clé par les accompagnateurs.
"La question est la suivante: pourquoi les portes étaient-elles fermées?", s'est indigné le vice-gouverneur de la région, Vladimir Tchernov, cité par l'agence TASS.
Le comité d'enquête a annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle pour "violation des règles de sécurité" et l'arrestation de quatre personnes, parmi lesquelles le locataire du local où s'est déclenché l'incendie ainsi que le directeur de la société gérant le centre commercial.
Les enquêteurs ont indiqué étudier également la responsabilité d'une cinquième personne, un membre d'une société de sécurité privée en charge du centre commercial, soupçonné d'avoir débranché le système d'annonce sonore quand l'incendie a éclaté.
Doté d'un sauna, de plusieurs salles de cinéma et de restaurants ainsi que d'une salle de bowling, le centre commercial était très fréquenté dimanche.
Bâtiment instable
Les services de secours ont annoncé avoir inspecté tous les étages du bâtiment à la recherche des corps de victimes, alors que le toit du centre commercial s'est presque entièrement effondré, recouvrant 1.500 km2 de gravats, selon les agences russes.
L'incendie avait été maîtrisé vers 17H30 GMT dimanche, plus de six heures après son déclenchement, mais de la fumée a de nouveau commencé à s'échapper du bâtiment lundi matin, mobilisant une fois encore les pompiers.
"Actuellement, la mort de 64 personnes a été confirmée", a indiqué le comité d'enquête sur son canal Telegram.
Les corps de 58 personnes ont été pour le moment extraits des décombres, a précisé le ministre des Situations d'urgence, Vladimir Poutchkov, ajoutant que la structure du bâtiment n'était actuellement "pas stable" et pouvait s'effondrer.
Au moins neuf enfants figurent parmi les victimes, selon un porte-parole local du ministère des Situations d'urgence, Boris Dedioukhine, cité par l'agence Ria Novosti.
Le président russe, Vladimir Poutine, a présenté ses "profondes condoléances" aux proches des victimes par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov.
Le pape François et la chancelière allemande Angela Merkel ont également présenté leurs condoléances.
Un enfant de 11 ans et une jeune fille de 18 ans qui ont sauté du troisième étage pour échapper aux flammes sont hospitalisés et se trouvent dans un état grave, a indiqué la ministre de la Santé Veronika Skvortsova, à la télévision Rossia 24.
Dix autres personnes ont été hospitalisées et "se trouvent dans un état presque satisfaisant mais il faut prendre en compte que nombre d'entre eux ont perdu des membres de leur famille et certains d'entre eux, leurs enfants", a déclaré la ministre de la Santé.
Des centaines de personnes se sont portées volontaires pour donner leur sang pour les victimes, selon les autorités locales.
Tous les ans, de nombreuses personnes périssent dans des incendies en Russie, qui souffre d'infrastructures en piteux état datant souvent de l'époque soviétique et où les mesures de sécurité sont observées de manière laxiste.
En août 2016, au moins 16 travailleurs immigrés d'Asie centrale avaient trouvé la mort dans l'incendie d'un entrepôt d'imprimerie au nord de Moscou.
En décembre 2015, 23 patients d'un hôpital psychiatrique du sud-ouest de la Russie avaient péri dans l'incendie d'un bâtiment en bois. En 2013, deux autres incendies dans des établissements psychiatriques avaient provoqué respectivement la mort de 37 et 38 personnes.
Avec AFP