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Fin de l'ETA


Graffiti sur un mur de la ville basque de Mondragon le 25 février 2018, trois jours après que l'ETA a annoncé un vote des ses membres pour mettre fin à 50 ans de lutte armée.
Graffiti sur un mur de la ville basque de Mondragon le 25 février 2018, trois jours après que l'ETA a annoncé un vote des ses membres pour mettre fin à 50 ans de lutte armée.

L'organisation séparatiste basque ETA a annoncé sa dissolution et la fin de toute activité politique, mettant un point final à la dernière insurrection armée d'Europe occidentale qui a fait plus de 800 morts et des milliers de blessés pendant des décennies.

Dans une "déclaration finale" datée du 3 mai et distribuée à la presse, l'organisation clandestine dit avoir "démantelé l'ensemble de ses structures" et "mettre fin à toute activité politique".


Fondée en 1959 sous la dictature de Francisco Franco, l'ETA a fait au moins 829 morts dans une campagne d'assassinats et d'attentats à la bombe en Espagne et en France, au nom de l'indépendance de "Euskal Herria", le Pays basque espagnol et français et la Navarre.

Décimée par les arrestations de ses chefs, rejetée par la population, l'organisation classée comme terroriste par l'Union européenne avait déjà renoncé à la violence en 2011 et livré ses armes l'année dernière.

>> Lire aussi : L'ETA annonce sa dissolution

Elle avait franchi un pas supplémentaire dans une lettre datée du 16 avril et publiée mercredi dans la presse espagnole, annonçant avoir "dissous complètement toutes ses structures".

La lettre était destinée aux personnalités qui l'ont encouragée à renoncer à la violence, comme l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan ou l'ex-chef du Sinn Fein irlandais, Gerry Adams, selon un membre du gouvernement régional basque.

L'annonce de la dissolution devait être suivie vendredi d'une "conférence internationale" à Cambo-les-bains, au Pays basque français, où sont attendus Gerry Adams et des représentants de plusieurs partis espagnols qui seraient ainsi garants de la bonne foi de l'ETA.

"L'ETA devait (cette dissolution) à la société basque et à l'ensemble de l'humanité", a déclaré jeudi le président de la région basque, le nationaliste Iñigo Urkullu dans une interview au journal El Pais. Elle n'aurait jamais dû exister".

- 358 crimes encore inexpliqués -

Beaucoup de victimes de l'ETA ne sont pas prêtes à pardonner le sang versé pendant les années de plomb. Dans une conférence de presse à Saint-Sébastien, la ville basque qui a connu le plus d'attentats, le Collectif des victimes du terrorisme (Covite) a exigé que l'ETA condamne la terreur et cesse de rendre des hommages publics à ses militants quand ils sortent de prison. Il attend aussi qu'elle fasse la lumière sur 358 crimes encore inexpliqués.

L'Espagne avait mal accueilli un message diffusé le 20 avril où la faction armée regrettait "les torts causés" mais ne demandait pardon qu'aux seules victimes qui n'étaient pas parties au "conflit", laissant entendre que les autres, comme les policiers, étaient des cibles légitimes.

- Le sort des prisonniers -

L'immense majorité des Basques rejette la violence, mais une minorité réclame encore l'indépendance. La coalition séparatiste EH Bildu, second parti au parlement basque, a recueilli 21% des voix aux élections régionales de 2016.

Bildu demande, comme le Parti nationaliste basque de M. Urkullu, que les quelque 300 prisonniers de l'ETA qui purgent leur peine en Espagne et en France puisse être incarcérés plus près de leurs familles.

Le gouvernement espagnol a jusqu'à présent refusé toute contrepartie à la dissolution d'ETA. "Quoi qu'elle fasse, l'ETA ne trouvera aucune faille et pas d'impunité pour ses crimes", a déclaré jeudi le chef du gouvernement Mariano Rajoy. "Nous ne lui devons rien et nous n'avons à lui être reconnaissants de rien".

Mais M. Urkullu exprime l'espoir d'un changement de la politique pénitentiaire dans son interview à El Pais.

>> Lire aussi : Espagne : manifestation au Pays basque pour les prisonniers de l'ETA

Aux attentats de l'ETA avait répondu une "sale guerre" : assassinats de membres de l'ETA par des groupes para-policiers, et tortures aux mains de la police.

Ces victimes-là demandent, comme l'ETA, que cette violence soit prise en compte.

"Si l'on ne reconnaît pas une partie de la souffrance, il est très difficile de réunir les conditions de la réconciliation", a déclaré à l'AFP Ane Muguruza, 28 ans.

Son père Josu -- un député de Herri Batasuna, bras politique de l'ETA -- a été assassiné en 1989 par des militants d'extrême droite dont elle croit qu'ils avaient l'aval de l'Etat.

Avec AFP

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