L'arrêt de la Cour de justice de l'UE (CJUE) était très attendu. Treize Etats membres, dont la France et l'Allemagne, ainsi que la Commission européenne, s'étaient joints à la procédure qui risquait, selon le secrétaire d'Etat belge à l'Immigration Theo Francken, de "réduire à néant la politique migratoire européenne".
"Ouiii ! Gagné !", s'est félicité M. Francken sur le réseau social Twitter, après la publication de l'arrêt de la Cour basée à Luxembourg.
Si la famille syrienne avait obtenu gain de cause, cela aurait porté "atteinte à l'économie générale du système institué par l'Union" en matière d'asile et de droits des réfugiés, a reconnu la CJUE dans un communiqué.
L'avocat général de la Cour, Paolo Mengozzi, avait défendu le droit de cette famille chrétienne d'Alep avec trois enfants de recevoir un visa de trois mois pour raisons humanitaires. Le père de famille avait affirmé avoir été enlevé par un groupe armé, battu et torturé, avant d'être finalement libéré contre rançon, avait-il rappelé.
Selon son raisonnement, même s'il était évident que la famille demandait ce visa dans le seul but de venir en Belgique afin d'y déposer une demande d'asile en bonne et due forme, - et donc d'y rester au-delà d'une période de trois mois -, la Charte des droits fondamentaux de l'UE et la Convention des droits de l'homme interdisant la torture et les traitements inhumains s'appliquaient.
Les avis de l'avocat général sont généralement suivis. Le gouvernement belge craignait par conséquent que cette affaire ne crée "un précédent dangereux" qui ferait perdre à la Belgique "le contrôle de ses frontières", comme l'a expliqué M. Francken. "Cela pourrait déclencher un afflux de dizaines de milliers de personnes de personnes devant nos consulats à Beyrouth et Ankara", avait-il mis en garde.
La Cour n'a pas suivi l'avocat général. "Les États membres ne sont pas tenus, en vertu du droit de l'Union, d'accorder un visa humanitaire aux personnes qui souhaitent se rendre sur leur territoire dans l'intention de demander l'asile", a-t-elle expliqué dans son communiqué.
"Les demandes de la famille syrienne relèvent du seul droit national", a-t-elle estimé. Autrement dit, chaque pays européen garde le contrôle de sa politique d'octroi de visas humanitaires.