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Famine au Soudan du Sud: les humanitaires inquiets du prix des visas


Des femmes sont assises sur le sol en attendant de recevoir de la nourriture distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM) à Padeah, au Sud-Soudan, 1er mars 2017
Des femmes sont assises sur le sol en attendant de recevoir de la nourriture distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM) à Padeah, au Sud-Soudan, 1er mars 2017

La lutte contre la famine au Soudan du Sud pourrait être gravement affectée par la décision du gouvernement d'augmenter jusqu'à 10.000 dollars le prix d'un visa de travail, se sont inquiétées samedi plusieurs ONG, qui dénoncent une campagne de harcèlement contre les humanitaires.

"Le gouvernement et l'armée ont grandement contribué à la situation humanitaire actuelle et, maintenant, ils veulent tirer profit de la crise qu'ils ont créée", a déclaré à l'AFP Elizabeth Deng, d'Amnesty International.

"Une grande partie du travail humanitaire sur le terrain est réalisée par des locaux, mais il y a aussi des centaines de travailleurs humanitaires étrangers, et cette mesure pourrait affecter leur indispensable travail", a-t-elle ajouté.

En vertu d'une directive émise le 2 mars par le ministère du Travail, le prix du visa de travail pour les étrangers, précédemment de 100 à 300 dollars par an selon le niveau de compétences du demandeur, coûte désormais de 1.000 à 10.000 dollars.

La mesure semble être une tentative pour cet Etat à l'économie exsangue de générer des revenus autres que ceux issus du pétrole - 98% des recettes de l'Etat lors de l'indépendance en 2011 -. Mais moins de deux semaines après que la famine a été déclarée, le 20 février, dans des zones du nord du pays, l'annonce passe très mal auprès des humanitaires, par ailleurs victimes de harcèlements réguliers, notamment par l'armée.

"Si cette mesure est effective, il sera impossible pour les acteurs humanitaires de payer ce genre de somme", a assuré à l'AFP Julien Schopp, directeur du département en charge des questions humanitaires à InterAction, une organisation regroupant 180 ONG travaillant à travers le monde.

Il précise que les humanitaires cherchent à obtenir des clarifications auprès du gouvernement, notamment si la mesure va vraiment s'appliquer, et selon quelles modalités.

Jeudi, le ministre de l'Information Michael Makuei avait affirmé que la mesure est d'ores et déjà d'application et concerne entre autres les travailleurs humanitaires. D'autres détails restent flous, notamment si les travailleurs étrangers déjà détenteurs d'un visa doivent s'acquitter du nouveau tarif et dans quels délais.

"Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'il y a une campagne de restriction de l'accès à certaines zones qui vise les humanitaires. Cette mesure, si elle est prise, serait l'aboutissement de cette campagne", a pesté M. Schopp, en référence aux harcèlements des humanitaires et aux pillages de ressources humanitaires.

Le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés. Selon l'ONU, 6,2 millions de Somaliens - la moitié de la population - ont besoin d'une aide humanitaire. Quelque 100.000 d'entre eux souffrent de famine.

Avec AFP

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