La fin de l'évacuation croisée depuis le 14 avril de près de 11.000 personnes de localités rebelles et prorégime signe la première étape de l'accord conclu entre le régime Assad et la rébellion qui se font la guerre depuis plus de six ans.
Ce processus est le dernier et le plus important d'une série d'évacuations de localités assiégées, surtout rebelles, dans le pays. Les insurgés, qui ont perdu de vastes régions face au régime soutenu militairement par la Russie et l'Iran, se sont vus contraints de signer des accords d'évacuation de nombreux de leurs bastions.
L'opposition a qualifié "les transferts forcés de crimes contre l'Humanité", tandis que l'ONU a dénoncé des "déplacements forcés".
Selon l'agence officielle Sana, la première phase de l'accord sur la sortie des habitants de Foua et Kafraya (province d'Idleb), et des habitants des localités rebelles -Zabadani, Serghaya, Jabal Charqi et Madaya-dans la province de Damas, "a pris fin".
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que tous les bus transportant les habitants évacués étaient parvenus à leur destination finale. Ceux venant des cités prorégime sont arrivés à Alep, sous contrôle de l'armée, et ceux évacués des localités rebelles sont arrivés dans la province d'Idleb, aux mains des insurgés et des jihadistes.
Seconde étape en juin
Après 48 heures d'interruption, l'opération avait repris vendredi matin une fois réglée, selon les rebelles, la question de la libération par le régime de centaines de prisonniers qui n'avaient néanmoins pas encore été relâchés en milieu d'après-midi.
"Quand tous les bus seront partis, les 750 prisonniers seront libérés. Grâce à Dieu, cette question a été réglée", avait assuré Abou Obeida, un responsable de l'opération du côté rebelle, au correspondant de l'AFP sur place.
Selon l'agence Sana, il n'y a plus de présence rebelle dans les villes de Madaya et Zabadani après les évacuations qui ont concerné civils et insurgés.
La seconde étape doit débuter en juin, et portera sur la sortie de 8.000 habitants de Foua et Kafraya et de milliers d'autres de localités rebelles dans la province de Damas.
Mohammad Abou Zeid, porte-parole du groupe rebelle d'Ahrar Al Cham, a affirmé à l'AFP les combattants du Hezbollah chiites libanais, venus prêter main forte aux habitants chiites de Foua et Kafraya, seraient évacués durant la seconde phase.
Cette évacuation a été ensanglantée le 15 avril par un attentat qui a fait, selon un nouveau bilan de l'OSDH, 150 morts, dont 109 habitants évacués de Foua et Kafraya, parmi lesquels 72 enfants. L'augmentation du nombre de décès est due au fait que beaucoup de blessés se trouvaient dans un état critique.
Assad accuse Fateh al-Cham
L'attentat suicide n'a pas été revendiqué.
Dans une interview diffusée par l'agence russe Ria Novosti, M. Assad a accusé le Front Fateh al-Cham, ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, d'être responsable de l'attaque.
"C'est le Front al-Nosra (ancien nom de Fateh al-Cham). Ils ne se cachent pas et je pense que tout le monde est d'accord pour dire que c'est Al-Nosra", a-t-il dit.
Selon l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, les auteurs de l'attentat étaient déguisés en humanitaires. "Quelqu'un prétendant distribuer de l'aide et attirant les enfants a provoqué cette horrible explosion".
Selon des témoins de l'attentat, un véhicule qui distribuait des sachets de chips aux enfants a explosé à proximité des autocars transportant les personnes évacuées.
Par crainte d'un nouvel attentat, les opérations se sont déroulées sous haute surveillance.
Pour Jan Egeland, qui dirige à l'ONU le groupe de travail sur l'aide humanitaire en Syrie, "il va y avoir beaucoup d'évacuations, ce sont des accords complexes auxquels l'ONU n'a pas été conviée". Ces accords "découlent d'une logique militaire, pas d'une logique humanitaire".
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 320.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés, et s'est complexifié avec l'implication d'acteurs internationaux et de groupes jihadistes.
Avec AFP