La Gambie est en proie à une crise née de l'élection présidentielle du 1er décembre: le scrutin a été officiellement remporté par l'opposant Adama Barrow face à Yahya Jammeh, au pouvoir depuis plus de 22 ans, qui conteste sa défaite après l'avoir dans un premier temps reconnue.
Selon une source de sécurité, au total cinq personnes avaient été arrêtées depuis samedi (bien samedi), certaines pour avoir porté ou vendu des T-shirts affichant "#GambiaHasDecided" ("La Gambie a choisi"), et d'autres pour la vente de T-shirts à l'effigie d'Adama Barrow ou avec des photos d'autres responsables de l'opposition.
Ces cinq activistes comprennent trois hommes et deux femmes, selon les noms communiqués par la source de sécurité, et des commerçants figurent parmi eux. Tous avaient été libérés mardi, a-t-elle assuré, s'exprimant sous couvert d'anonymat, sans plus de détails.
Une des personnes brièvement détenues a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat avoir été arrêtée par des membres de l'Agence nationale du renseignement (NIA) qui ont fait irruption dans sa boutique et ont saisi un important stock de T-shirts, casquettes ou badges avec #GambiaHasDecided et la photo des opposants.
Selon son récit, d'autres vendeurs ont connu le même sort. Les commerçants arrêtés ont été conduits au siège de la NIA où "des hommes au visage masqué et d'autres en uniforme nous ont demandé d'écrire: +Je ne vendrai jamais de T-shirts à l'effigie d'Adama Barrow+".
A ceux qui ont répondu être analphabètes, il a été proposé un texte écrit, qu'ils ont été contraints de signer. Ils ont tous été mis en garde contre toute communication autour de ces faits.
Mardi soir, la coalition soutenant l'opposant Adama Barrow avait évoqué dans une déclaration devant la presse l'arrestation de deux de ses sympathisants "en lien avec le port ou la vente de T-shirts affichant #GambiaHasDecided".
Selon cette déclaration lue par Halifa Sallah, porte-parole de la coalition, l'un d'eux a été arrêté samedi, et un autre lundi par des membres supposés de la NIA.
"Les slogans sur des T-shirts" ne bouleversent pas la donne politique existant dans le pays, et "de tels slogans ne pourraient en aucune façon être assimilés un programme de déstabilisation ou à un crime", a affirmé M. Sallah.
L'opposition a par ailleurs dénoncé la fermeture de radios privées gambiennes, se disant "préoccupée par la situation actuelle" dans le pays.
Teranga FM et Hilltop Radio ont été sommées de fermer dimanche par des officiers de l'Agence nationale du renseignement (NIA), qui ont précisé agir sur ordre de leur chef mais ignorer le motif de cette décision, selon des responsables de ces médias joints par l'AFP.
Ces deux radios n'émettaient toujours pas mardi.
Une troisième radio privée, Afri Radio, avait aussi été contrainte au silence, mais lundi soir, elle a reçu l'autorisation de réémettre à condition de ne diffuser que de la musique à l'antenne, ce qu'a accepté la direction, selon un de ses employés.
L'opposition a invité les autorités à rouvrir les radios. "C'est un signe de faiblesse" pour n'importe quel camp politique "de recourir à la fermeture des médias au lieu de faire comprendre ses points de vue à travers eux", a-t-elle estimé.
Avec AFP